L'histoire :
Au crépuscule de sa vie, tandis qu’il agonise au fin fond d’un marécage putride, Jason le magnifique se souvient. Il se souvient, de sa rencontre avec la princesse Tamina, alors qu’il est un beau jeune homme. A grands coups d’épée, il la délivre alors qu’elle est prisonnière d’une secte dégénérée : les koffons. Fort de ses capacités athlétiques, il est certain de conquérir son cœur. Mais à peine sauvée, la belle n’a qu’une hâte : se barrer pour retourner dans la grotte des koffons où elle était prisonnière. Elle traverse des monceaux de cadavres laissés par Jason et retrouve Mégaron, une créature colossale au corps de barbare et à la tête de porc, enchainé au mur de la grotte. Excité comme pas un, ce dernier rompt ses chaines et s’abandonne aux doigts experts de Tamina. Jason les retrouve ainsi enlacés, un peu plus tard, et imagine Tamina en fâcheuse posture. Il se rue pour tuer Mégaron, mais son épée entame à peine l’épaisseur de son cuir. Pas content du tout d’être dérangé dans son intimité, Mégaron lui explose la tête... avant, finalement, de sympathiser. Nos trois amis, copains comme cochons, se rendent ensuite au château du roi où le papa commençait à s’inquiéter. Tamina demande alors l’autorisation d’épouser Mégaron. Aux yeux du roi, la brute n’a pourtant pas trop le profil d’un prince. Le roi décide donc de mettre en concurrence Mégaron et Jason : celui qui lui rapportera la mouche qui manque à sa collection, la rarissime « drosophila melanogaster rex » (qui vit aux confins du royaume, dans les marais qui bordent le grand mont gris), aura le privilège d’épouser Tamina…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qui a dit que les parodies devaient nécessairement emprunter une verve graphique humoristique ? Voilà deux auteurs qui n’ont que faire de la dichotomie entre le fond et la forme. Pour rappel, Mathieu Sapin a déjà passablement discrédité l’image du super héros avec Supermurgeman, héros masqué en slip dont le QI est (au moins) divisé par 10. Patrick Pion, lui, œuvrait jusqu’alors dans un registre post-apocalyptique réaliste, en raison d’un style graphique adéquat (Chrome). Or, les 2 compères ne changent rien à leurs codes pour cette première collaboration. Résultat : Sapin scénarise à la vas-y-commej’te-pousse (c’est aussi construit que la retranscription d’un jeu de rôle entre potes) et Pion s’applique à mettre cette savante mixture en relief sur un style réaliste… à quelques exceptions près. Par exemple, le héros Mégaron possède un corps sculptural… avec une tête de cochon démoniaque. Autre exemple : l’autre héros Jason se fait littéralement exploser la face en début d’album ; du coup il passe le reste de l’album (et a priori de sa vie !) avec une tronche toute bouffie et tuméfiée de partout. Pourtant, prises à part, certaines cases pourrait aussi bien provenir d’un pur comics de fantasy ! D’un côté, c’est un pur plaisir de découvrir les dialogues volontairement nigauds de Mathieu Sapin s’appliquer à l’univers ultra sérieux de Conan le barbare. D’un autre, le développement de cette aventure débile à souhait part souvent en vrille. A l’image de ce bonhomme en sucre qui a les yeux vairons, ou des changements intempestifs de quêtes. Dans ce premier épisode (à suivre), le résultat s’avère donc assez fendard, mais aussi un peu décousu...