L'histoire :
Comme cela arrive parfois, les banlieues sont à feu et à sang. Dans le quartier où habite le petit Nic Oumouk, on suit ces évènements à la télé avec un certain recul. Sa mère et sa grand-mère le surveillent, surtout, pour l’empêcher de sortir le soir. Dommage, lui qui rêvait de « faire peur à la France » comme ses potes, en participant à cette grande fiesta urbaine. Pourtant dès le lendemain, un malheureux concours de circonstances le place face à une division de CRS, après avoir écopé d’un sac rempli de cocktails Molotov appartenant à des émeutiers. En comparution immédiate, la juge et son avocat sont relativement explicites : soit il fait de la prison, soit il accepte une mission d’« enterré général ». Nic hésite. D’un côté, la prison lui apporterait la respectabilité et il serait nourri et logé gratis… mais sa vie prendrait un tournant irréversible, sur la mauvaise pente. De l’autre, dans l’expression « travail d’intérêt général », il y a le mot « travail », une insulte pour Nic. Son ange gardien (alias le super héros Edukator) lui apparaît alors pour lui conseiller cette dernière voie. Nic se retrouve donc en Province (une autre planète !), dans la ferme de M’sieu André, agriculteur, éleveur et inventeur du Kébab bio !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N’en croyez pas le titre et la couverture : si l’embrasement des banlieues est le point de départ de ce nouvel épisode de Nic Oumouk, les aventures rurales du jeune héros des HLM occupent cette fois les ¾ de l’album. Faut-il lire entre les lignes de cette aventure humoristique, un début de piste insufflée par Manu larcenet pour solutionner le problème des banlieues : le retour à la terre ? L’auteur, qui a réellement emprunté cette voie il y a quelques années, quittant la banlieue parisienne pour la campagne lyonnaise, sait de quoi il parle : il en a même dérivé une série, avec son copain Ferri (Le retour à la terre). Certes, le sujet de la révolte des banlieues est abordé sans détour et avec un humour qui aurait facilement pu ressembler à de la provocation. Mais Manu Larcenet évite habilement de livrer un album trop « politique » ou « polémique », sans s’affranchir pour autant des composantes dudit problème social. C’est une nouvelle fois la grande force de l’auteur : savoir parler de sujets chauds, sans tabou, avec naturel et une profonde humanité, et surtout un humour très efficace. En outre, cette « caillera » en herbe de Nic Oumouk nous emmène ensuite à la campagne pour nous faire vivre une véritable grande aventure, sus à un trust trafiquant de moutons génétiquement modifiés au nucléaire, qui concurrence le bio-kebab de M’sieu André, « alterniqué ». Le monde paysan se retrouve à feu et à sang. La boucle est bouclée. Larcenet est doué.