L'histoire :
La rentrée en 6ème est une étape importante dans la vie d’un enfant : il devient un grand. Le collège Massilon possède une très bonne réputation. Cela reste quand même impressionnant pour un enfant après l’école primaire. Heureusement, Magali reste avec sa meilleure amie. « Je pensais qu’il fallait que les profs m’aiment. Cette croyance m’amenait inévitablement à adopter des comportements de grosse fayote ». Doucement, l’enthousiasme des premiers jours laisse place à un mal-être. Surtout avec la prof de français extrêmement exigeante, qui veut que tous les élèves apprennent par cœur leur cahier de grammaire. La moindre petite erreur et il faut recopier, encore et encore. La peur la tenaille chaque jour pour aller à l’école. A la maison, cela devient difficile de se plonger dans un imaginaire réconfortant. Et puis un jour, il se passe quelque chose : la rencontre avec les Beatles. With the Beatles et Sergent Pepper’s deviennent de fidèles compagnons. Elle les écoute en boucle. Pour savourer ces moments, elle veut rester à la maison au lieu d’aller à l’école. Mais l’école est indispensable. La fatigue, le manque d’appétit s'installent. Retourner à l’école devient purement impossible. Pourquoi ? Telle est la phobie scolaire. « L’omniprésence de la mort et la régénérescence chez les Beatles m’attirait sans que je comprenne trop pourquoi. A cette période où je sentais une partie de moi mourir, je m’accrochais à eux comme à un nouveau doudou ». Le corps lui, continue sa mue vers la demoiselle. Comment accepter cela ? Comment grandir sereinement ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Magalie Le Huche n’est pas une débutante dans le microcosme du 9ème art et au-delà. Après avoir donné vie à Paco et Jean-Michel en livres illustrés, elle s'est attaqué à des adaptations de romans de Marie Desplechin (Pome, Verte et Mauve). Une nouvelle fois, elle nous emmène dans le monde de l’enfance, mais via un autre angle, mai qui ne manque pas de pertinence. Cette fois, l'artiste raconte son histoire, personnelle et autobiographique. Car toute jeune, elle a en effet été victime de phobie scolaire, l’incitant à créer un lieu réconfortant chez elle. La musique des Beatles l’a beaucoup aidée. Cela a même été un déclic pour faire un pas vers les autres. Ce lien si particulier avec ces chansons se traduit dans cet album par un traitement graphique original et soudain plus coloré. Ces teintes rassurent et nous guident dans un imaginaire riche, coloré, festif. On admire certaines pages tels des tableaux. On voudrait les voir en grand pour pouvoir nous immerger dedans et y trouver un lieu consolant pour nous aussi. Ce trait de crayon si dynamique et tendre à la fois nous prend par les sentiments. Car chacun de nous s’est forcément senti, à un moment donné, jeune ou non, un peu à part, un peu rejeté. On entre en empathie avec cette petite fille fragile qui deviendra une femme créative et audacieuse. Cette souffrance, très bien décrite, sans jamais aller trop dans l’excès de pathos, va parler à beaucoup de gens. De plus en plus d’enfants souffrent de phobies scolaires et ce sujet est rarement abordé en bandes dessinées. Aucun doute que cela ouvrira des portes de discussions pour mettre des mots sur des silences. Ne passez pas à côté de cette exercice réussi, qui saura vous redonner le sourire et apprécier les petits plaisirs de la vie.
