L'histoire :
Carlos se souvient de son enfance. A l’âge de 8 ans, il perd son grand frère Miguel des yeux alors qu’ils sont en ville. Carlos fait alors la rencontre désagréable de mauvais garçons qui s’apprêtent à lui casser la gueule. Heureusement, Miguel n’est pas loin, qui intervient et le sauve juste à temps, envoyant valdinguer les fâcheux. Carlos – que Miguel appelle « Litus » – se souvient aussi des parties de foot dans la cour en béton, coincée entre les immeubles d’habitation de son quartier de Sant Père. C’est là, tandis qu’ils parlent tous de la victoire probable de Perico au tour de France, que Carlos voit pour la première fois Bebeto. Ce dernier se trouve au balcon de son appartement familial au deuxième étage ; et sa mère dévoile alors une fois de plus sa folie : elle se dénude complètement et se prend pour une star de la chanson devant les yeux ébahis et amusés de tous les jeunes de la cour. Tout le monde rigole… mais pas Bebeto, en pyjama, à la fois honteux et traumatisé par les agissements de sa mère. Il tente de faire rentrer sa mère à l’intérieur, avant que son père en colère ne le fasse. Carlos parle de cette scène un peu choquante à Miguel, qui dédramatise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette chronique infantile, nimbée de romantisme adolescent et de nostalgie estivale, a des parfums d’autofiction. Néanmoins, Javi Rey annonce en postface qu’il s’agit d’une invention, certes tartinée de ses propres souvenirs d’ado. Pour la troisième fois en tant qu’auteur complet, l’auteur espagnol (catalan !) touche ainsi très juste dans la description de ce tournant sensible qui change un enfant en adulte. Le personnage narrateur de Carlos partage ses pensées dans de nombreux narratifs. A travers ceux-ci, nous découvrons son regard sur ce garçon insolite et meurtri de Bebeto, mais aussi ses sentiments pour Sorrow, une jeune fille un peu plus vieille que lui, inaccessible, ses désirs, ses frustrations, ses rapprochements d’intérêt assumés… On a tous connu un garçon du genre de celui du Bebeto du titre, une « éponge » à la fois passive et intrigante, insaisissable, hors du temps et de la société, qui trimballe assurément un sacré trauma intérieur. C’est aussi une peinture très juste d’un quartier de banlieue de Barcelone dans les années 90 (Sant Père), à mi-chemin entre la plage estivale et le job d’ouvrier qui attend les jeunes issus de ces quartiers. Le dessin semi-réaliste est d’une totale maîtrise, détaillé, juste et équilibré, en toutes circonstances très agréable à l’œil et grand-public.
