L'histoire :
Armand, dit la Bouzille, est prisonnier sur l'île Saint Joseph, le pire bagne des îles environnantes. Ici, les forçats ne meurent pas de maladie ou de faim, car le meurtre est généralement survenu avant. En effet, les tensions entre les prisonniers et les histoires d'amour entraînent souvent les pires événements. Les gardes laissent faire, trop heureux de se débarrasser des « fagots ». S'évader est impossible : la mer est trop agitée. Et puis il y a les requins. Même les prisonniers déconseillent les plus téméraires. Quand un forçat parvient à s'échapper, les gardes deviennent plus durs et violents. Ils fouillent les logements et confisquent tout, ce qui est mauvais pour le business. Dans ce conditions, comment faire pour libérer Armand ? Paco tente de se faire des alliés, comme l'infirmier Etienne. Grâce à lui, il sait que la Bouzille ne va pas très bien et qu'il a perdu beaucoup de kilos. Paco tente bien de lui faire passer un mot, mais il ne parvient pas à avoir d'autres nouvelles. Le cachot rend fou les plus endurcis. Armand va-t-il tenir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'aventure de Paco les mains rouges s'achève avec ce deuxième tome. Fabien Velhmann raconte l'enfer du bagne en Guyane avec de nombreux détails et une narration très réaliste. Nous assistons à tout : les trafics, la dureté des conditions, la folie... À travers le quotidien des prisonniers et leurs interactions, les auteurs donnent une vue plutôt juste de ces vies si particulières. Evidemment, une grande place est laissée aux fameux tatouages et à leurs significations : ce sera même une façon de survivre pour Armand. La voix narrative de Paco est caustique et pleine d'amertume, accordant une émotion forte à l'ensemble. Le langage mime la familiarité des forçats avec des mots en argot et les surnoms donnés à chacun des prisonniers. Vehlmann évite toutefois le pathos et les détails sordides, même si certains événements sont très durs. Il n'y a pas de parti-pris, seulement la réalité montrée de façon presque candide. Le dessin d'Eric Sagot renforce cette impression de fausse candeur. Son graphisme met en avant la luxuriance de la végétation dans un style naïf proche du peintre Douanier Rousseau. Les délicats dégradés de marron donnent encore plus de sensibilité à l'ensemble. Le récit est prenant et surprenant de bout en bout, même si cette deuxième partie parait trop courte. L'épaisseur des annexes complète l'album, mais sont constituées seulement de croquis et non d'un éclairage historique.