L'histoire :
A la veille de la première guerre mondiale, en 1937, l’Espagne est divisée. D’un côté, les nationalistes veulent imposer un ordre fasciste. De l’autre les républicains essaient d’organiser une résistance. 5 étrangers, de nationalités européennes différentes se sont engagés volontairement à leurs côtés. En camion à travers le désert, ils tentent de rallier le village de Quimera, qui a besoin de renforts. Mais un renseignement a filtré et le camion explose sous un obus. Carlos, le formateur du groupe, et José, le chauffeur, sont tués sur le coup. Les autres ont à peine le temps de se remettre de cette agression, qu’on leur tire dessus. Ils se mettent à couvert et partent, à pied, prenant la direction du village. En route, ils apprennent à faire connaissance et à partager des conceptions politiques bien disparates. Seuls Manuel et Dolores sont espagnols et se battent pour leur pays. Il y a John, un américain téméraire et sans scrupule, avide de trouver les meilleurs plans ; Françoise la française, qui s’est engagée pour fuir sa condition bourgeoise ; Ernst l’allemand, leader courageux mais mystérieux ; Paul le belge ; Henry l’anglais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Andreas (Martens) quitte les univers très particuliers de ses séries régulières (Capricorne, Arq…), le temps de cet album en one-shot. Associé pour le dessin à Isa Cochet, il nous confronte cette fois à une réalité âpre et très cartésienne : les divergences d’engagements politiques face à la montée du fascisme. Même réunis au sein d’une même cause, plusieurs protagonistes issus de nationalités différentes voient le monde sous des angles nuancés. L’un ne pense qu’à son profit, l’autre fuit sa condition, une troisième est dominée par son éducation religieuse… Quintos se présente donc avant tout comme une réflexion sur le libre arbitre, la guerre et l’engagement individuel. L’album dure le temps d’une fuite en avant, plus vers un idéal militant que vers un objectif très pragmatique : au fil des pages, le groupe censé être « un renfort », s’effiloche sérieusement. Un à un, les protagonistes tombent, et dans ces conditions le final ne saurait être très optimiste. Côté graphisme, Andreas est donc cette fois curieusement épaulé par Isa Cochet, de 20 ans son aînée, jusqu’alors coloriste (notamment sur Capricorne). La patte du maître est néanmoins omniprésente et à vrai dire, on ne voit pas trop la différence avec un album signé Andreas tout seul. On retrouve bien entendu ce talent incroyable pour la mise en page et le découpage. Sorties de leurs contextes narratifs, en prenant du recul, certaines planches peuvent être comparées à des tableaux d’art contemporain à part entière.