L'histoire :
Depuis 3 mois, Christophe André s’occupe des finances d’une ONG médicale établie dans la ville de Nazran, en Ingouchie, petite république de Russie située à l’ouest de la Tchétchénie. C’est son premier travail dans l’humanitaire. Dans la soirée du 1er juillet 1997, Christophe va se coucher tôt pour pouvoir terminer son budget le lendemain. C’est la première nuit où il se retrouve seul dans le bâtiment secondaire. Au beau milieu de la nuit, il entend des bruits. A peine a-t-il chaussé ses lunettes qu’un groupe d’hommes surgit dans sa chambre en hurlant « Milicia » et le plaquent au sol. Ces gars n’ont rien à voir avec la police, Christophe en est persuadé. Ils sont venus vider le coffre-fort : il y a un paquet de fric, puisque le lendemain, c’est le jour de paie. C’est certain, les voleurs ont un complice parmi les employés. Le groupe d’hommes passe devant le coffre-fort sans s’arrêter et sort avec l’humanitaire de l’ONG. Ils le forcent à monter dans une voiture...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après ses guides humoristiques du Mauvais père, Guy Delisle renoue avec la BD témoignage. Cette fois, il s’agit d’un récit grave : celui d’un humanitaire enlevé par les tchétchènes, qui réussira à s’évader après 111 jours de captivité. Les 432 pages de ce roman graphique relatent le quotidien de cet otage isolé, enchaîné à un radiateur et dont les journées sont invariablement rythmées par les aller et venues de ses geôliers qui viennent lui apporter de la soupe et un morceau de pain. Pour ne pas s’effondrer, Christophe André tente de se convaincre que son cauchemar va prochainement s’arrêter. Pour cela, il ne cesse d’échafauder des moyens pour s’enfuir. Féru d’histoire, il essaie de tuer le temps en se remémorant les grandes batailles napoléoniennes. Le génie de Guy Delisle est de rendre chaque petit détail de ces journées répétitives comme un événement. Ce récit est immersif ; l’environnement y est austère, vide, on y ressent le poids de la solitude, de l’inquiétude, de l’ennui, et des doutes que peut éprouver Christophe André. Avec son regard bienveillant, l'auteur arrive également à souligner avec beaucoup de justesse la dignité de cet otage qui ne veut pas paraître faible face à ses geôliers. Sur fond gris, les mêmes scènes se répètent sous des angles légèrement différents. Le trait minimaliste donne une réelle intensité à cette épreuve humaine.