L'histoire :
Alors qu’ils sont tranquillement installés en train de pêcher à la ligne, sur leur îlot paradisiaque, Samedi, lézard rouge avec un bonnet jaune, s’adresse à Dimanche, lézard vert avec un T-shirt rayé. « Eh Dimanche, qu’est-ce qu’on fait ici au juste ? » Ça lui est venu soudainement, comme ça, de se poser tout un tas de questions sur son être et son devenir. Et pourquoi ? Et comment ? Et tout ça ? Cette crise de questionnite aiguë, assez pénible pour son entourage mais ô combien essentielle sous le prisme personnel, ne le quittera plus, tant qu’il n’aura pas trouvé un minimum de réponses. Dès lors, il embarque son pote Dimanche dans un incroyable périple, qui l’amènera à faire mille rencontre, à appréhender mille conceptions de la vie. Ils commencent par poser la question au vieux sage Roberto, un perroquet mauve atteint de narcolepsie funambule inversée (il lui prend inopinément de voler à l’envers). Puis ils s’adressent au docteur Scrapper (une sorte de savant fou), en vain… Alors ils s’en vont à la grande foire aux réponses, où au terme de mille hypothèses fumeuses, ils entrent enfin au sein du prestigieux Institut de Recherche de la Vérité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la première planche, LA question essentielle est posée : Qu’est-ce qu’on fait ici au juste ? A la suite de deux héros aux prénoms super relax et aux morphismes relativement inspirés par des lézards, nous partons dès lors pour une trrrrrès grande aventure philosophique et poétique de fort bon aloi ! Aux alentours d’un ilot paradisiaque, Samedi et Dimanche se prêtent à tout un tas d’expériences qui les amènent à se frotter à tout un tas de concepts, à se marrer, à s’engueuler, à se quitter, à se retrouver… Sans avoir l’air d’y toucher, les auteurs abordent (petit catalogue, indispensable et en vrac) : le sens de la vie, le pourquoi de la mort, les troubles de l’amour, la puissance de la paternité, la détresse absolue et immonde du désespoir, les conflits de générations, la quête du bonheur, la peur de l’inconnu, la force de l’amitié, l’absurdité de l’idolâtrie, etc, etc. Quelque part entre les Monty Pythons et Platon, ce bouquin offre matière à approfondir mille sujets essentiels de philosophie ! (à conseiller aux élèves de Terminale qui butent sur Shopenhauer). Et le pire, c’est que grâce à l’inventivité narrative et aux dialogues savamment bidonnants de Fabien Vehlmann, ça n’est absolument jamais rébarbatif. Il y a des éphémères qui disparaissent en faisant pouf, des éléphants qui vous sautent dessus, des monstres invisibles, des a-bou-gas qui poursuivent une quête mystérieuse et une maison en haut d’un pic, qu’on voit bizarrement de partout… L’émerveillement succède aux éclats de rires, qui succèdent aux prises de conscience. Ainsi, les 4 tomes de Samedi et Dimanche, précédemment parus au sein de la collection poisson pilote et ici réunis en une petite intégrale indispensable (oui oui) (et pas cher !), s’adressera à tous types de publics. Le dessin tout simple, mais parfaitement approprié, de Gwen (de Bonneval) facilite en effet beaucoup l’approche des plus jeunes, sans rebuter pour autant les adultes qui y trouveront largement leur compte. Essentiel !