L'histoire :
Par une suite de coïncidences aussi insolites que tragiques, Albert, petit cuistot spécialisé dans la croquette de crevette, se retrouve embarqué sur un vaisseau spatial bourré de chinois. De son hublot, il a vu la Terre exploser ! Les chinois avaient identifié juste à temps qu’elle était condamnée, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils migrent vers une planète de secours, Xin-Xiang. Hyper disciplinés, les chinois ont aussi été très rigoureux dans leur organisation et leur plan de voyage. Ils ont tout calculé, pesé et mesuré, ils ont pensé à emporter chaque chose dont ils auraient besoin pour recréer la Nouvelle Chine ailleurs. Aussi, Albert est-il rapidement identifié comme passager clandestin ayant pris la place du camarade Chang. Sa présence imprévue à bord va « coûter » à la collectivité, aussi les membres du conseil préconisent-ils une éjection dans l’espace. La jolie Mia, qui est également la présentatrice du journal télévisé de bord, prend sa défense, sans connaître l’horrible manipulation qui a permis à Albert de prendre la place de Chang. Elle propose la solution suivante : si Albert montre son utilité, à l’échéance d’une semaine, il pourra rester à bord. Or, tout ce que sait faire Albert, c’est des croquettes de crevette… Il se lance donc dans une quête désespérée des ingrédients de sa recette, visitant ainsi d’incroyables zones du vaisseau. Il est aussi collé de près par le gros Tong qui est sensé le surveiller…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une première séquence terrestre pour brouiller habilement les pistes, les aventures d’Albert reprennent bel et bien dans l’espace. Notre héros angoissé est toujours en route pour une migration cosmique de plusieurs années (générations ?), avec une fichue épée de Damoclès au-dessus de la tête : il doit réaliser les meilleures croquettes de crevette de sa vie, ou il mourra ! C’est avec cette idée humoristique aussi décalée que nos auteurs belges continuent d’accrocher leur lecteur à ce périple très inventif. Certes, l’effet de surprise fonctionne moins dans ce second volet, qui prend tout de même l’optique déjantée d’une quête d’ingrédients pour un plat cuisiné : lait, farine, œufs, persil, fromage et crevettes. Cela permet de visiter le vaisseau de fond en comble et donc de prendre la mesure du gigantisme invraisemblable de l’opération. Les auteurs sont cruels envers Albert, en lui inculquant un double stress – réjouissant pour le lecteur. Primo, il culpabilise de l’ignominie faite à Mia, dont il est amoureux (indirectement, il a tué son fiancé). Deuxio, une permanente hostilité des chinois pèse à son égard. La situation désespérée d’Albert est aussi ponctuée de trouvailles plus drolatiques qu’hilarantes. Par exemple, 12 œufs manquent à bord : c’est aussitôt repéré et des mesures coercitives sont réclamées ! Matthieu Donck dessine ces aventures spatiales sérieusement loufoques, avec un trait moderne et fin, parfaitement adapté au registre. A suivre dans un tome 3…