L'histoire :
Web a réussi à faire croire à ses parents qu'elle est allée faire du babouin-sitting. Or en fait, elle passe la soirée chez Rahan, qui organise une grosse fête. Un pot en terre plein de petites pousses de lichen circule. Elle va en goûter pour faire comme les autres. Surtout qu'a priori, les cervidés qui en mangent ont l'air bien défoncés. L'effet est rapide : elle finit la soirée inconsciente, ramenée chez elle. Son père décide d'aller voir un chaman à la réputation sulfureuse, qui lui propose un voyage dans une dimension parallèle, où il pourrait peut-être lui porter secours. Dotcom est prêt à tout, avale des champignons et se trouve plongé dans l'obscurité. Il entend la voix de sa fille, ils se dirigent vers une petite lumière, poussent une porte et... se retrouvent dans un endroit étrange au milieu de plein d'objets, de personnes habillées de vêtements étranges, qui leur parlent une langue inconnue. Ils sont pris en charge comme des clients un peu spéciaux dans une grande surface de meubles et de décoration, spécialisée dans les étagères à monter soi-même. Ils mettent la main sur un objet métallique étrange. Lorsqu'ils se réveillent à nouveau dans leur monde préhistorique, ils ont gardé sur eux une petite clé de montage de meubles. L'objet intrigue la tribu. C'est le début d'un culte qui va tout bouleverser.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jul a du effectivement consommer un peu de lichen pour construire ce scénario qui bouscule carrément ses habitudes. Après les quelques pages habituelles et indispensables où il passe en revue les dernières grandes tendances de la société avec des jeux de mots approximatifs (Chat-GPT, Extinction Rebellion ou les tableaux de maîtres arrosés de potage), il sort du cadre pour faire débarquer ses personnages dans l'époque actuelle. Du coup, ils deviennent eux aussi réels, et pendant quelques séquences on passe en mode roman photo avec nos deux anti-héros préhistoriques au milieu d'un Ikea ! C'est le scénario du film qui est en salles au moment de la parution de l'album. En tout cas, pour le format BD, c'est un pari osé qui prive ces quelques pages de l'humour typique de la série. Celui-ci repose d'ordinaire sur son grotesque et ses personnages dessinés à gros traits. Dès qu'ils sont revenus à leur époque, la série reprend son rythme et Jul s'amuse à délirer autour de cette clé coudée dans des déclinaisons qui forcent l'admiration, et dont certaines sont très drôles. Les fans de la série accompagneront l'auteur et sa tribu dans leur nouveau délire avec délectation. Les plus réticents continueront de dédaigner cette série au succès énorme et dont l'auteur est un des artistes BD les plus présents dans les médias.