L'histoire :
Les pygmées l’appellent « l’île du bout du fleuve », puisque, après Gbado, le fleuve n’est plus praticable. Quand T’zée choisit d’y construire son palais, on se demande quelle est cette nouvelle lubie : il n’y a rien autour hormis la forêt équatoriale. T’zée a tout construit aéroport, palais, centrale électrique, etc. Gbado est devenu le « palais dans la jungle ». Or cela n’a pas duré, car cette ville artificielle est restée enclavée. Puis la guerre a éclaté et Gbado est redevenue l’île du bout du monde. Dans la capitale, la rumeur enfle : T’zée serait prisonnier des rebelles. Son fils Hippolyte ne veut pas croire que le règne de son père est en train de s’éteindre. Bobbi l’angolaise, la jeune épouse du dictateur, va consulter le sorcier Ndoki pour savoir si T’zée est encore en vie ou s’il a été exécuté par ceux qui pillent la province-capitale. Le vieux léopard n’est pas mort. Il échappera même aux rebelles. Dans ses visions, Ndoki perçoit également que le cœur de Bobbi ne palpite plus si fort pour T’zée, mais qu’il s’embrase pour un autre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue en Afrique, dans un pays fictif dirigé par un dictateur mégalomane ! Ça sent la fin de règne pour celui qui a tenu son pays d’une main de fer, qui n’a pas hésité à faire exécuter le chef de ses opposants, quand bien même ce dernier fut le père de la meilleure amie de son fils. Sa femme, de 25 ans sa cadette, va tenter de sauver les meubles, même si elle se met à douter de ses sentiments pour celui qui lui a permis de vivre confortablement. Cette passion interdite a pour objet Hippolyte, le fils de T’zée. Hippolyte est le dernier fils de T’zée et il n’est pas pour autant adoré par son père. Pour construire ce récit en cinq actes, Appollo et Brüno se sont inspirés de l’histoire moderne de l’Afrique qui a eu son lot de dictateurs, mais également de Phèdre, la tragédie de Jean Racine. Avec beaucoup d’intelligence et de finesse, les auteurs combinent culture africaine et occidentale pour aboutir à une histoire cohérente et captivante. Les références à la culture africaine sont évidemment très présentes avec ses croyances, la magie vaudou, mais également le catch ou encore la sape. C’est une histoire violente et sombre avec des personnages forts mais souvent tiraillés. Le graphisme stylé unique de Brüno sied parfaitement à cette tragédie africaine. On a le sentiment d’être immergé au cœur de la forêt équatoriale et de son atmosphère étouffante. Son découpage donne toute l’intensité attendue pour ce type de récit. Cet album existe en deux versions : une couleur et une en noir et blanc.