L'histoire :
Le 29 janvier 1912, le peintre Henri Matisse, accompagné de sa femme, prend le bateau, direction Tanger. Il espère trouver là-bas l'inspiration artistique, retrouver le charme des tableaux inspirés de Tanger et peints par Delacroix. Il souhaite aussi fuir Paris, sa grisaille et les rivalités parisiennes, pour capter la lumière et se concentrer sur sa peinture. Pour ce séjour, ils ont réservé dans un palace, le Grand hôtel Villa de France, tenu par Hassan. Lorsqu'il pose le pied sur cette nouvelle terre, Matisse est grognon et n'arrive pas à apprécier ce qui se trouve autour de lui. Avec sa femme, ils sont escortés jusqu'à l'hôtel par un petit garçon. La femme de Matisse est sensible aux couleurs, aux odeurs et demande à leur guide de s'arrêter sur un marché. Le peintre lui, ne veut qu'une chose : rentrer à l'hôtel. Mais lorsqu'il prend le temps de regarder autour de lui, l'inspiration lui vient, et il commence à dessiner. A l'hôtel, les clients posent une multitude de questions à Hassan sur ce prétendu peintre français qui est attendu au palace. Hassan reste de marbre, mais il s'inquiète : ses clients devraient déjà être là... Retardés par le détour au marché, ils arrivent enfin et vont se reposer. Mais en pleine nuit, Matisse se réveille : dehors, c'est un véritable déluge. Hassan est d'ailleurs pessimiste : il pleut beaucoup à Tanger, cela pourrait durer... Toutes les projections du peintre s'évanouissent. Comment va-t-il réussir à saisir l'essence de cette ville s'il doit rester enfermé ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce titre, illustré par Abdel de Bruxelles (qui a travaillé pour La petite bibliothèque des savoirs ou encore La revue dessinée) et scénarisé par Fabien Grolleau (Traquée, L'étrange voyage de R.L. Stevenson), évoque les voyages du peintre Henri Matisse à Tanger. Fabien Grolleau a l'habitude de retranscrire les vies de personnes ayant existé, en bande dessinée. Ici, il y ajoute une grande part de fiction, car ces voyages restent mystérieux, sans trop de détails. Il prend donc la liberté de combler ces vides. Nous suivons Matisse dans son premier voyage au cœur de Tanger, qui va voir ses projets s'effondrer, car la pluie ne s'arrête pas. Il ne peut découvrir le pays sous un beau soleil, avec une jolie luminosité, et il ne peut quitter sa chambre d'hôtel. Alors, il va demander à ce que cette culture vienne dans sa chambre pour pouvoir la représenter. Il commence par des objets et il veut aussi peindre des habitants, notamment des femmes. Cela n'étant pas inscrit dans la culture marocaine, le gérant de l'hôtel va faire venir en secret une prostituée, Zorah, seule femme acceptant de poser pour un peintre. Lors de ces séances de pose, elle va commencer à raconter une histoire au peintre, qu'elle continuera à chacune de leur rencontre. On retrouve dans la composition du scénario, des chemins de vie croisés : Matisse, sa femme, Zorah, le gérant de l'hôtel. Tous finissant par se recouper, sans que les personnages ne le sachent vraiment. La relation entre Zorah et Matisse rappelle les contes des 1001 nuits. Pour capter son attention, Zorah inventera et continuera son histoire au fur et à mesure. Les illustrations quant à elles, reprennent des couleurs utilisées par le peintre, et les détails architecturaux notamment, permettent de s'immerger dans la culture orientale. Cette bande dessinée projette ce qu'ont pu être les voyages de Matisse à Tanger.
