L'histoire :
Nine Antico a 38 ans. Elle a prévu un voyage en amoureux dans la romantique ville de Venise. Tout est réservé. Oui mais voilà, elle vient de se séparer de son compagnon. Doit-elle tout de même maintenir ce voyage ? Elle est perdue. En attendant de se décider, elle se met à lire sur cette ville de Venise. Et surtout, une question s'impose à elle : qu'en est-il de son désir ? D'où vient-il ? Comment l'assumer ? Comment a-t-il évolué à mesure des rencontres qu'elle a faites, de ses histoires d'amour ? Quelle est la part du conditionnement de la société dans ce désir ? Masquée, elle embarque à bord d'une gondole pour remonter le fil de son désir, creuser dans les méandres de son esprit et de ses souvenirs. Elle se rappelle qu'elle possède une photo d'elle, lorsqu'elle était à la crèche. C'était jour de carnaval, et elle est déguisée à côté d'un garçon qui a une moustache dessinée au feutre au-dessus des lèvres. Sa mère lui a toujours répété qu'il s'agissait de son amoureux. Mais elle n'en a aucun souvenir. La bouche est la partie du corps qu'elle préfère, la source intarissable de ses fantasmes. Combien de temps a-t-elle passé à projeter des baisers à venir ? Combien de temps a-t-elle perdu à regarder les garçons ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le succès de Madones et putains (qui a reçu le prix Artémisia et le prix Inrockuptibles 2024), Nine Antico change quelque peu de registre, et revient à une bande dessinée introspective et personnelle. Avec Une obsession, elle devient le personnage principal et entame un travail de réflexion pour remonter le fil du désir, pour se comprendre elle-même. C'est une séparation qui provoque cet électrochoc et cette envie d'entamer ce travail. Pour décor, elle utilise la ville de Venise, où elle devait se rendre en voyage, et masque chacun des protagonistes de l'histoire, dont elle-même. En se réfugiant derrière un masque, elle peut avouer l'inavouable, tout montrer et mettre en scène. Nous suivons le cours de ses pensées, qui ne sont pas chronologiques. Une pensée en amène une autre. Nous découvrons son enfance, les abus qu'elle a subis, son adolescence, sa vie de femme, toujours sous le prisme du désir et de sa relation à la sexualité, au plaisir et aux hommes. Pourquoi possède t-elle cette obsession compulsive de plaire ? Pourquoi n'arrive-t-elle pas à atteindre l'orgasme ? Par le dessin, elle exprime une grande sensualité. Elle montre des corps avec un soin tout particulier accordé aux cadrages, comme pour fixer des moments charnels et leur beauté. Elle chemine pour comprendre son corps, prisonnière du regard d'autrui. Avec beaucoup d'élégance, elle utilise le noir et blanc intense, tout en laissant une part plus importante au blanc, en comparaison de ses œuvres précédentes. Une bande dessinée marquante !