L'histoire :
En 1634, New-York est encore baptisée New Amsterdam. La petite colonie hollandaise ne compte alors qu’une centaine d’habitants, installés dans un camp fortifié au bout de la presqu’île de Manhatas (future Manhattan). L’économie de l’époque se limite au commerce de la peau de castor, dont les chapeliers européens tirent de luxueux couvre-chefs. Parmi les courageux pionniers hollandais, se trouve un jeune chirurgien-barbier nommé Harmen Meyndertsz Van den Bogaert. Accompagné de deux amis, Jeromus et Willem, et d’une poignée d’indiens Mohawks, il entreprend de se rendre à pied à l’avant-poste militaire de Fort Orange (actuelle Albany), situé à 50 km plus au nord. Son objectif : renégocier avec les indiens locaux le marché du castor, alors détourné par les français dont les postes avancés étaient mieux implantés dans cette région. Malgré leurs mœurs étranges, les Mohawks sont les alliés et les guides des hollandais. Mais le voyage ne se fait pas sans risque pour autant : il faut à ces voyageurs traverser les rigueurs de l’hiver, à travers un territoire sauvage menacé par les iroquois. De villages en tempêtes, il faudra une vingtaine de jours à ces voyageurs pour atteindre leur objectif (pour l’aller simple). Chaque jour, Van den Bogaert notifie son périple dans un carnet de voyage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1634, l’année où s’est réellement déroulé ce périple, il y a à peine 10 ans que les colonies de new Amsterdam et de Fort Orange se sont installées sur le continent nord-américain. Les coutumes indiennes et la géographie de ce continent sauvage restent encore très largement inconnues et ces trois hollandais sont aujourd’hui considérés à juste titre comme de vrais aventuriers. Le journal de bord rapporté par Van den Bogaert constitue un document d’anthropologie rare et précieux sur les premiers contacts entre les indiens et des européens. Passionné par la culture amérindienne et par l’histoire de sa ville de résidence (New-York), l’auteur dessinateur George O’Connor a décidé d’illustrer ce témoignage en BD, dans un souci de fidélité à la réalité historique et au texte original. Sa narration se fait donc intégralement en voix off, s’appuyant pour cela mot pour mot sur le carnet de Van den Bogaert. Patiemment, en 139 planches, O’connor illustre minutieusement chacune des étapes rapportées par Van den Bogaert. Aucune note n’a été altérée ou abrégée, tout juste l’auteur reconnaît-il avoir adapté dans son dessin une traduction graphique plutôt allègre mais faussement naïve. Son trait est simple, caricatural, léger, parfois humoristique… mais cette interprétation malicieuse toute personnelle, ajoutée par touches modérées, ne peut éviter une forme de lassitude. Car si ce journal de bord constitue un sujet d’études très intéressant, qui emportera l’adhésion des puristes ou des spécialistes, il n’a pas le même potentiel de séduction auprès du grand public. Côté spectacle, la crainte du péril l’emporte toujours aux réelles menaces. Bien que véridique et périlleuse, l’aventure vécue par ces trois hollandais est largement redondante et forcément linéaire. Le parti pris du strict documentaire trouve ici sa contrepartie…