L'histoire :
A la taverne, un paysan n’a pas assez d’argent pour payer ses trois verres de vins à 1,20 pesos. Le taulier appelle aussitôt la garde… mais ahahah : Zorro fait son apparition sur le palier ! Il prend la défense du paysan : si l’état ne l’étranglait point autant, le bougre pourrait payer les 3,80 pesos ! Le soldat lui rétorque que tutututte : 3 fois 1,20, ça fait 3,60, pas 3,80. Peu importe : on n’embrouille pas Zorro aussi facilement. Le justicier masqué a repéré ce lustre accroché qui lui tend les bras et donc il… descend par les escaliers, c’est tout de même moins risqué. Une fois en bas, il taille une petite bavette avec le sergent Garcia (un pote, visiblement) et enfin commence le duel à l’épée avec 3 gardes en même temps. Bon, certes, il faut bien faire quelques pauses, quand une table est trop lourde à renverser et qu’elle nécessite les bras de tout le monde. Mais au final, ça se termine toujours par un gros Z taillé sur la bedaine du sergent. Cela dit, c’est bien gentil tout ça, mais qui va payer les 3,60 pesos au barman ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Financée à l’aide du partenariat entre Dargaud et My Major Company, cette version parodique du célèbre justicier masqué est à se tordre de rire. Au scénario, ce génial couillon de Fabcaro prend pour base le Zorro feuilletonnesque de Walt Disney, héroïquement incarné par Guy Williams à la fin des années 50, qui a marqué nombre de jeunes téléspectateurs à travers plusieurs générations. Il est assurément le plus réussi, le plus populaire et le plus riche en détournements potentiels. En une flopée de gags d’une demi-page (un art difficile), selon un gaufrier régulier de 6 cases, il joue à plein sur les quiproquos, les lapsus, le running-gag et l’abrutissement généralisé. Résultat : quand Zorro saute sur Tornado, il se pète le cul ; quand Don Diego enfile en urgence sa tenue noire, ça prend 2h20 ; quand il redevient Don Diego, il oublie de retirer son masque… Qu’on se le dise : en réalité, Don Diego alias Zorro est le champion du monde des ballots. Il est même tellement crétin qu’il ne parvient pas à convaincre son entourage qu’il est Zorro ! Parce que ce serait tout de même plus facile pour emballer Sexualidad, la fille du gouverneur dont il est très amoureux… Un trait un brin épais, ultra caricatural, avec des personnages cadrés de près sur des aplats souvent sans décors : le système graphique mis au point par Fabrice Erre est au diapason pour mettre en scène ces couillonnades. Les mimiques du sourd et muet Bernardo qui utilise plusieurs mains pour s’exprimer sont bidonnantes ; les combats à l’épée trouvent des angles et des mouvements outranciers ; et les tronches décalquées maximisent l’impact expressif… Vite, un autre recueil !