L'histoire :
En 2093, 7 hommes qui ne se connaissent pas se réveillent en plusieurs cités-colonies de notre système solaire, après avoir fait le même cauchemar. Dans leur rêve, ils se voyaient dans un milieu aseptisé, au sein d’un groupe de 7 enfants sans visages, avec une phrase martelée en boucle : « Nous sommes sept et nous sommes un ». Dans la réalité, ils vivent pourtant des vies bien distinctes, journaliste, prêtre, violeur, fou ou suicidaire… Mais ces derniers temps, ils se sentent attirés par une force qui les dépasse, comme un besoin de regroupement. Alerté par une actualité média, entre deux pollutions publicitaires, le journaliste fait alors une découverte surprenante : il a la même difformité à la main (deux doigts collés ensembles), qu’un fou récemment évadé d’un asile lunaire. Quelques recherches plus tard et un souvenir précis se révèle à lui, comme à ses 6 autres clones, de manière foudroyante. Ils se savent désormais les pions d’une « main » psychologique géante, qui les a éduqués et préparés dans un but bien précis : abattre le président de l’humanité en passe d’être élu. En effet, en ce futur proche, nous sommes à quelques jours d’une élection importante : celle du premier président de la Fédération Interplanétaire Solaire Humaine (FISH) ! Ce vote est devenu primordial, car notre humanité a reçu un ultimatum de la part de 7 autres civilisations extraterrestres : il nous faut nous désarmer et prouver qu’on peut être un peuple pacifique en élisant un représentant unique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention, vous vous apprêtez à découvrir le scénario-concept sans doute le plus ambitieux de la collection 7. Quand on aborde des domaines tels que l’avenir plausible de l’humanité au sein d’une coalition galactique, les affres psychologiques du clonage et la notion d’âmes collectives, le risque est en effet de passer à côté de l’essentiel. Or, on ne pas dire que Louis loupe son coup sur tous ces sujets, qui participent d’une science-fiction mature, digne des grands noms de la littérature du genre. En tous cas bien plus profonde que ce qu’il montre à travers Tessa. En ce sens, la copie que rend Louis avec Sept clones répond non seulement au cahier des charges narratif (7 personnages doivent accomplir 1 mission) et technique (1 histoire complète par 2 auteurs qui n’ont jamais bossé ensemble) de la collection, mais il la tire aussi vers le haut. Pourtant, quelques petits hics modèrent notre enthousiasme. D’une part, la pluralité des héros ne permet pas (à un esprit sain) de s’identifier à un personnage : ce parti-pris est fortiche et paradoxalement préjudiciable au plaisir de lecture. D’autre part, portée par une cacophonie de voix off – les pensées des 7 et la voix des médias – le rythme narratif est relativement plat : on est d’emblée au taquet d’une tension qu’on ne quitte jamais, mais qui ne permet pas de vibrer au diapason de rebondissements. Vu la nature de l’histoire racontée, il aurait néanmoins été impossible de faire autrement. Soulignons enfin le talent graphique de Stéphane de Caneva, auteur étrangement trop inconnu au bataillon (une seule BD au compteur, confidentielle : L’affaire de l’auberge rouge). Vu le savoir-faire réaliste qu’il montre, mâtiné de culture comics, aucun doute que les 7 clones lui permettront de démultiplier les contrats…