L'histoire :
Au IXe siècle, sur les côtes d’Irlande, les hommes du nord appelés Fomoirés (ou vikings) viennent de piller leur énième monastère. Villageois et moines ont tous été passés par le fil de l’épée, à l’exception d’un copiste témoin, juste énucléé. Une réaction s’impose, d’urgence. Pourtant, le haut roi n’a que faire de ces incursions païennes sanguinaires, trop occupé qu’il est à guerroyer contre ses propres clans. Le Sire Abbé, guide chrétien en ces contrées, est aussi très sage. Il ne voit d’apaisement possible qu’à travers la conversion de ces barbares au culte chrétien. Une mission suicide, en somme, pour ceux à qui elle va échoir, au regard de la féroce réputation des Fomoirés. Le Sire Abbé a donc l’intelligence d’y envoyer non les meilleurs, mais les pires de ses prêtres ! Une communauté de 7 moines, dotés d’une réputation sulfureuse, ternit justement l’image de l’Eglise. Au pire, ce ne sera pas une grande perte. Frère Oran est d’une vanité sans nom, Curnan est aigri par l’avarice, Enan jalouse tout le monde, le gros Goban ne pense qu’à manger, le robuste Conan peine à canaliser sa violence, Lugan est un tombeur de jupons et, enfin, Tristan est d’une insupportable nature atone. La mission leur est alors ainsi présentée : soit ils sont jugés pour leurs nombreuses déviances impies et risquent le bûcher, soit ils se portent volontaires et on leur fit miroiter une charge d’Evêque à la clé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le générique était appétissant… On l’attendait tous fébrilement… Le résultat ne déçoit pas. A mi parcours de la collection 7, cet album ressemblerait même bien à une clé de voûte. Le (trop rare) scénariste de De cape et de crocs et de Garulfo met ici ses sublimes talents de narrateur au service d’un one-shot équilibré en tous points. Primo, la mission de ces 7 moines est originale, d’une cohérence rare, habilement plantée dans contexte historique crédible. En outre, chacun des 7 moines embrasse idéalement un des 7 péchés capitaux, même si Alain Ayroles à la sagesse de ne pas trop souligner le catalogue. Deuxio, le déroulé de l’aventure adopte un rythme exemplaire et palpitant. Point de longue phase de recrutement ou de palabres avant d’entamer la mission : les 7 moines cumulent leurs tares et annoncent leurs prénoms en 3 planches, sans lourdeur. Tertio, les dialogues soignés (comme toujours chez Ayroles) trouvent un consensus entre un style littéraire et une grande fluidité de lecture. Quarto, il n’y a pas d’Ayroles sans humour ! Savoureusement injecté via les caractères caustiques des moines, c’est un régal ! Quinto, la mise en relief est assurée d’une part par le crayonné appliqué de Luigi Critone et d’autre part par une colorisation originale de Lorenzo Pieri. Le coloriste empreinte en effet une palette à la fois lumineuse et contrastée, appliquée sur un trait détaillé et élégant. Ces aspects tranchent (en mieux !) avec ce que ces deux auteurs livrent déjà sur La rose et la croix, l’autre série graphiquement assurée par le duo. Conclusion : 7 missionnaires est un petit bijou, assurément promis au succès critique et public !