L'histoire :
Ce matin là, 4 enfants jouent sur la plage : Disdee a attrapé une tortue géante et refuse de la remettre à l’eau. Leria et Lado, deux jumeaux ados, les rejoignent et les avertissent d’une info d’importance : un nouvel enfant est « apparu » au sein de leur communauté insulaire. Ils sont donc désormais 7. La petite troupe remonte quatre à quatre au village – l’insupportable Disdee en tête – et se presse derrière la fenêtre de Maria. Ils aperçoivent alors Aràn, un blondinet d’à peu près leur âge, qui reprend des forces, emmitouflé dans une couverture. Les adultes sont circonspects par ce nouveau « naufragé ». En effet, la dernière fois que les enfants ont été au nombre de 7, il s’est produit une terrible catastrophe. Ils savent pourtant qu’ils ne peuvent rien empêcher… Les enfants eux aussi discutent entre eux. Visiblement, Aràn va être logé chez Maria, où reste déjà l’un d’eux, Thian, et cela suscite des jalousies. Puis le lendemain, ils font connaissance du nouveau. Aràn est animé par un indécrottable et curieux objectif : éteindre le phare. Or, la règle dans ce village, c’est justement qu’il ne faut surtout jamais l’éteindre ! Aran sème également le trouble chez les 6 autres enfants : se souviennent-ils de leur arrivée en ce lieu ? Se souviennent-ils seulement de ce qu’ils ont fait la veille ? Lui écrit tout, dans une sorte de journal intime, pour s’empêcher d’oublier. C’est alors qu’au large, se lève progressivement une inquiétante tempête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’ambiance est effectivement aux rivages et aux tempêtes, les Sept naufragés dont il est question dans cette histoire en one-shot ne viennent pas vraiment de l’océan. Tout du long du récit, les auteurs entretiennent le doute sur le contexte de l’aventure et l’origine desdits enfants. D’où viennent-ils ? Où sommes-nous ? Qu’est-ce que cette communauté ? Restons volontairement flous pour respecter le suspens. Avouons juste que le ressort est fantastique, bien que le décorum demeure solidement ancré sur le plancher des vaches. De fait, Andoryss n’a de cesse de nous faire tourner autour du pot, c’est d’ailleurs semble t-il la démarche centrale de la scénariste. Toutefois, sur ces 62 planches au découpage serré et aux cases chargées, il ne se passe finalement pas grand-chose. Les enfants palabrent beaucoup sur leur condition et cherchent à éteindre le phare, tandis que les adultes acceptent leur immobilisme imposé. L’explication finale (la seule possible, d’après les indices disséminés) n’est pas non plus fulgurante : elle pioche dans les clichés de l’ésotérisme judéo-chrétien conventionnel. Plus convaincant est le dessin de Tony Semedo, venu du jeu vidéo, pour qui c’est là le premier album. Semedo dévoile une griffe semi-réaliste très agréable à l’œil, aussi à l’aise pour le chara-design de personnages attachants, que pour les décors enchanteurs chiadés. Un auteur à suivre…