L'histoire :
Londres, octobre 1941. Alors que l’armée britannique est entièrement mobilisée contre le 3e Reich, le colonel Thompson, militaire dépressif sans ambition, reçoit une curieuse lettre. Envoyée d’un asile d’aliénés, celle-ci prétend savoir comment gagner la guerre. Procédant de sa propre initiative pour éviter les quolibets de ses supérieurs, Thompson rencontre son expéditeur dans sa cellule, un dénommé Joshua Goldschmidt, professeur en histoire des religions. Ce dernier lui expose sa théorie : Hitler détenant seul tous les pouvoirs du régime nazi, il suffirait de le tuer pour déstabiliser le 3e Reich dans son entier. Or, étant donné que les nombreuses tentatives d’assassinat se sont toutes soldées par des échecs, il faut envoyer des esprits déviants, dont seuls les raisonnements déroutants sauront déjouer la vigilance d’une garde rapprochée réputée invulnérable. En bref, Goldschmidt propose de parachuter 7 psychopathes en Allemagne, avec pour mission d’assassiner Hitler. Dubitatif, Thompson tente néanmoins le coup (ça ne coûte pas grand chose) et procède à un improbable casting, au sein des asiles et des prisons londoniennes. En compagnie du professeur, seront donc envoyés à l’abattoir : un dément persuadé de communiquer par télépathie avec le führer, un escroc très habile pour prendre les traits d’autrui, une mère de famille redoutable sniper, un pur salopard spécialiste des infiltrations, un simulateur doté d’une angoissante opiniâtreté, et un enragé au corps ravagé par le feu, fou de guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle collection « 7 » de Delcourt contiendra à terme 7 one-shots appartenant à des genres très différents. A chaque fois, une équipe de 7 personnages doit s’affranchir d’une mission particulière. Pour inaugurer ce concept original et prometteur, Delcourt ne se refuse rien et embauche Fabien Vehlmann, LE scénariste du moment. Comme à son habitude, avec tout le savoir-faire qu’on lui connait, ce dernier pond une quête originale et diablement piquante. En pleine seconde guerre mondiale, il s’agit d’envoyer 7 psychopathes pour zigouiller l’empereur des psychopathes, Hitler. Soigner le mal par le mal, en quelque sorte. La logique de la théorie de base est implacable : seul un comportement imprévisible peut esquiver naturellement les anticipations de l’ennemi. Tout ça en un one-shot, il s’agit de ne pas traîner en route ! L’exposé théorique et le casting qui en découle, remplissent déjà à eux seuls la moitié de l’album, qui contient lui, 61 planches (comme un bon vieux Tintin). Dans une seconde moitié, l’exécution de l’entreprise par des individualités aussi hétérogènes en déstabilisera plus d’un… Empruntant un rythme impeccable, le dessin est assuré par Sean Phillips, un vétéran du comics outre-manche (Criminal, Invincible…). Travaillant des encrages appuyés, son trait réaliste est très proche du style graphique d’Igor Kordey : idéalement cadré et découpé, maîtrisé et efficace, mais peu approfondi dans le détail. Au terme du récit, évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. Sans trop en révéler, témoignons que Vehlmann est décidément très habile pour brouiller les cartes et s’écarter des sentiers battus, sans se départir d’un humour très fin.