L'histoire :
Un enfant rachitique vit seul en période préhistorique. Entre les montagnes et les rochers, l’endroit est désertique et l’enfant souffre de la faim. Connaissant mal ce qui l’entoure, il se met en quête de nourriture. L’orage est souvent terrible et la pluie battante. Les éléments sont déchainés mais la faim est trop forte : il faut avancer malgré tout. Tout ce qu’il trouve peut être d’un grand secours : fleurs, excréments… Malheureusement, le goût n’est pas toujours bon et cela ne le nourrit pas. Enfin, il voit un petit lézard : il le poursuit, affamé, mais manque de tomber d’une haute falaise. C’est alors qu’il voit toute une colonie d’insectes aux gros yeux. Ils ont un étrange rite : soulever de grandes pierres pour les retourner. Puis apparaissent au dos de la pierre de longues choses roses que les insectes dévorent. Le petit homme essaie lui aussi, mais le goût est encore insupportable. Comment va-t-il réussir à ce nourrir dans ce milieu hostile ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La perte, il en est fortement question dans cet album. Perte du texte, tout d’abord : l’album est presque sans parole, sur près de 120 pages ! Grégory Panaccione décortique chaque mouvement et étire les scènes pour que l’ensemble soit facilement lisible. On a donc parfois un rendu saccadé, mais ce choix de morceler le mouvement a souvent un effet dramatique fort. En effet, les péripéties de cet être étrange sont superbement mises en scène. C’est aussi une perte d’identité et de repères. L’enfant ne sait pas qui il est et il ignore tout du monde qui l’entoure. A l’état quasi animal, le personnage tente de survivre dans un univers des plus sauvages. Là encore, le dessin de Panaccione fait des merveilles. Les couleurs aux tons pastel sont pleines de puissance et changent en fonction du monde qu’il découvre. D’un ocre joyeux, le paysage se change vite en tableau triste et grisâtre. Cette quête longue et difficile s’étale sur presque tout l’album. Comme les cases analysent chaque mouvement et rallongent le temps, on sent que le personnage souffre de cette recherche incessante. Le lecteur est aussi chamboulé par cette perte de sens : qui est cet étrange personnage famélique et bossu ? Pourquoi est-il aussi ignorant ? Au fur et à mesure et de façon habile, Panaccione donne des clefs pour comprendre ce choix étrange et le final explique subtilement tout le reste. A la fin, on tombe rapidement dans une symbolique pleine de finesse et d’humanisme. Le reste de l’histoire prend alors tout son sens, ainsi que le titre. Laissez-vous emporter par cet étrange album, l’occasion de retrouver votre âme d’enfant…