L'histoire :
De nos jours, un 27 août, un grand-père et son petit-fils, déjà adulte, partagent une partie de Dames sur un banc public de Battery Park, à New York. Le vieux informe son petit-fils des raisons qui l’ont amené à lui donner rendez-vous en ce lieu à cette date précise : c’est le jour anniversaire de l’exécution de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Il lui raconte alors que les deux hommes étaient des anarchistes dans les années 20 et il explique qu’anarchiste ne signifiait pas systématiquement « poseur de bombe ». Lui-même avait bien connu les deux hommes, immigrés venus d’Italie, aujourd’hui absous par la justice américaines pour des crimes qu’ils n’avaient effectivement pas commis. Les germes du mouvement avaient commencé avant même la première guerre mondiale, lorsque la famille Rockefeller avait envoyé l’armée pour mater une grève interminable dans leurs mines du Colorado. A l’époque, les émigrés venus d’Italie affrontaient un autre type de misère et tentaient d’exporter la révolution bolchevik outre-Atlantique. Sacco, cordonnier de formation, et Vanzetti, vendeur de poissons, ne se connaissaient pas encore, mais ils s’étaient initiés, parallèlement et par la force des choses, au syndicalisme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’affaire Sacco et Vanzetti, qui secoua l’Amérique des années 20, cristallisa les mouvements syndicaux du pays et du monde occidental tout entier, autour de leur martyr. Tous deux anarchistes, ils furent en effet accusés – à tord – d’avoir braqué une banque et d’être de cheville avec des terroristes ayant commis des attentats meurtriers. Avec une intention pédagogique et historique, Florent Calvez se fait auteur complet (comme il l’avait déjà fait avec Reanimator) pour relater ce célèbre scandale, en un one-shot d’une centaine de pages au sein de la collection Mirage. Le récit prend la forme d’un long flashback concordant à la transmission mémorielle d’un grand-père envers son petit-fils. La narration s’appuie donc quasiment exclusivement sur une voix off précise et diserte, qui accorde une austérité de bon aloi au récit. Complété par un dessin moderne et un brin rigide, souvent couché à base de hachures verticales, inscrit dans un découpage peu dynamique et parachevé d’une colorisation volontairement terne, le sujet tourne volontiers au mortifère… Néanmoins, focus est convenablement porté sur une période sombre et méconnue de l’Histoire américaine.