L'histoire :
Un explorateur (un militaire ?) entre en contact avec une tribu indigène. Il échange avec eux quelques paroles, surtout gestuelles. Les autochtones lui offrent ce qui ressemble à de la nourriture, comme une marque de distinction. L’homme goûte et trouve ça dégueulasse. Normal, c’est de l’estomac de singe. L’homme essaie alors de leur expliquer qu’il faut se réveiller, que ce n’est pas ça, la civilisation…
Au cœur d’une guerre intense, une troupe de soldats est tapie dans une tranchée. Ils sont mal embarqués, ils ont un plan d’attaque suicidaire. Par radio interposée, ils réclament d’urgence un soutien, une frappe aérienne. On leur refuse et on leur demande d’aller plutôt récupérer un soldat derrière les lignes ennemies. C’est de la folie, mission impossible, ils refusent. On leur donne alors le nom du soldat : Penelope Cruz. Aussitôt, un plan d’attaque est mis au point…
Calmement installé à son bureau, un général appelle son capitaine pour qu’il lui fasse un état des lieux statistique de leur force de frappe. Parce qu’en fait, il a super envie de péter la gueule à un pays, de repartir en guerre. Genre une grosse, comme en 14-18 ou 39-45. Quitte à frapper sur son propre sol, pour éviter les ennuis diplomatiques. Genre Monaco ou la Corse. Ou les bretons ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sein de cette collection de petits bouquins souples, les éditions Delcourt recueillent et classent en grandes thématiques des sketches sociaux, bien sentis et d’humour décalé, issus du blog de Bastien Vivès. Après L’amour, Le jeu vidéo, La famille et La blogosphère, Vivès nous parle cette fois de La guerre. Le choix du sujet est pertinent, car fondateur de notre civilisation humaine. En outre, les médias d’actualité nous rappellent quotidiennement son existence… ailleurs que chez nous. Or l’axe peut surprendre, car Vivès n’a pas son pareil pour tout aborder à travers le prisme sexuel (une autre thématique prépondérante dans la construction de notre civilisation). Traiter de la guerre en parlant de cul, cela fait-il sens ? Ne dit-on pas « Faites l’amour, pas la guerre » ? Ou « elle a des seins comme des obus » ? Ou encore « Je vais lui exploser la… » Bref. Trêve de plaisanterie, d’un point de vue freudien, la propension martiale de l’homme dérive de ses pulsions sexuelles. Y aurait-il des guerres sur une planète de femmes ? (whaow, une planète de femmes !!). Bref. On s’éloigne… et en même temps, on touche à la manière de faire de Vivès. Car l’air de rien, en prenant les choses à la grosse déconne, ce génial et impertinent auteur remue bien des dimensions de son sujet, en s’évitant toute expression doctorale. L’opus tire néanmoins vers le hors-sujet lorsqu’il s’étend avec 7 sketches en tout, sur les histoires d’amours compliquées de Cléopâtre, César et Marc Antoine. Le traitement graphique a également de quoi soulever le débat : en quelques coups de brosses savamment appliquées sous photoshop®, Vivès suggère, plus qu’il ne dessine, une situation… dupliquée x fois, avec parfois un détail qui change. Au-dessus de ce style schématique, viennent se poser les dialogues djeunz, percutants et déjantés. Encore une fois, c’est un foutage de gueule minimaliste pour certains ; issu d’un talent de synthèse virtuose pour d’autres. Ne nous battons pas, ça doit être entre les deux.