L'histoire :
Maryanne Shaw est dans un état second. Elle qui a toujours été sage et sans histoire, elle s’est mise à fumer, et doute même de sa propre existence. Sa sœur, sa presque jumelle Carol, a été assassinée, étranglée par un inconnu. Aujourd’hui, c’est le jour de l’exécution de celui qui a été déclaré coupable et condamné à la chaise électrique. Alors elle se prépare, se maquille et traverse la ville pour y assister. Elle veut le voir « crever ». Elle veut en finir avec ce cauchemar, être libérée. Elle pense devoir cela à sa sœur, même si assister à une exécution ne l’enchante pas. L’inspecteur Maguire, lui, revient sur son enquête, fait part de ses doutes au moment de l’exécution. Enfin, le meurtrier, Lewis Woodroffe, nous livre, dans sa dernière minute, sa version des faits. Les trois reviennent sur leur vie, sur ce qui les a amenés là, sur leur vision du drame. La vérité n’est pas toujours où on l’attend…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chicagoland est une adaptation d’un recueil de nouvelles de R.J. Ellory, Trois jours à Chicagoland. Trois nouvelles, trois points de vue sur un seul meurtre, celui d'une jeune institutrice retrouvée étranglée dans son appartement. Des années plus tard, alors que le meurtrier est sur le point d'être exécuté, la sœur de la victime, le flic qui a mené l'enquête et le tueur reviennent sur les circonstances de sa mort pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. Les apparences sont trompeuses et seuls leurs trois témoignages pourront révéler la triste vérité. Le scénar de l’un des maîtres actuels du polar est diablement efficace et tient le lecteur en haleine. L’adaptation de Fabrice Colin colle parfaitement au format BD et garde une retenue, une précision digne des grands polars. Les dialogues sont percutants, le fil de l’histoire est parfaitement déroulé. Le dessin de Sacha Goerg, sobre, mais surtout ses couleurs douces posées à l’aquarelle, donnent une force magnétique au récit intimiste des personnages. On est plongé dans l’aventure, chaque acteur nous délivre sa vision, sans mensonge, sans travestissement. Il en découle une réelle appropriation du récit et le lecteur souffre, tergiverse avec les protagonistes. Goerg confiait sur son blog la difficulté pour lui de ne pas être scénariste, et de devoir s’adapter au récit de Fabrice Colin. C’est pour le coup une vraie réussite, et encore une belle BD pour la collection Mirages de Delcourt.