L'histoire :
A 16 ans, Guy passe son premier entretien pour décrocher un job d’été. Il a toutes ses chances, car son père travaille depuis 30 ans dans cette usine. Tout se passe bien, sauf quand le directeur conclut l’entrevue par une réflexion moralisatrice. Malgré cela, quinze jours plus tard, il reçoit un coup de fil de l’usine qui lui signifie qu’il est embauché. Située à l’embouchure de la rivière Saint-Charles, l’usine de pâte et papier de Québec fait face à la vieille ville. On ne peut pas la rater avec ses colonnes de fumée qu’elle crache en permanence. Si on ne la voit pas, on arrive toujours à sentir son odeur de soufre quand le vent souffle du mauvais côté. Pour sa première journée, Guy se retrouve avec deux autres garçons de son âge, à regarder une vidéo sur la sécurité au travail. Après s’être équipé d’un short et de bottes, il passe dans la salle des machines où on lui présente un grand gars d’une trentaine d’années qui va s’occuper de son apprentissage. Il occupera le poste de papetier 6ème main.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ses premières chroniques, Guy Delisle nous relatait ses expériences d’expatrié dans des pays comme la Corée du Nord, Israël, la Birmanie ou encore la république populaire de Chine. C’est un voyage beaucoup moins dépaysant qu’il nous propose avec cet album : un retour dans le passé et notamment, sa découverte du monde du travail. Ce nouveau roman graphique nous emmène dans l’antre d’une usine à papier où Guy a travaillé trois étés de suite pour financer ses études d’arts plastiques. L’auteur nous livre sans faux-semblants son vécu de cette première expérience professionnelle : le caractère physiquement éprouvant de ce job posté de nuit, une intégration au monde ouvrier pas toujours évidente mais également des rencontres très diversifiées. Comme à son habitude, Guy Delisle détaille son quotidien : les moindres anecdotes sont restituées avec une pointe d’humour fine et juste. Dans cette chronique, Guy Delisle se livre également sans fard sur les relations assez distantes qu’il pouvait entretenir avec son père, cadre dans la même entreprise. Sans être au niveau de ses précédents albums autobiographiques, car moins instructive et moins exotique, cette tranche de vie demeure une lecture récréative. Graphiquement, le trait de Guy Delisle est toujours épuré, faussement simpliste. Seule concession par rapport à ses précédents romans graphiques, des touches de couleurs orangées viennent égayer un univers très gris.