L'histoire :
Valentin est journaliste dans un petit journal au début du XXème siècle. Alors qu'il est en train de flâner sur le Pont des Soupirs avec Marguerite, avec qui il s'apprête à célébrer ses noces à Venise, le reporter est rappelé d'urgence par son patron. La jeune Marthe, une fillette, a disparu du côté du Ba-Ta-Clan, un quartier parisien très fréquenté. Il s'agit, sans aucun doute, d'un meurtre. Ce fait divers tient le tout Paris en haleine. Valentin ne peut pas laisser passer cette unique chance de mettre en lumière son travail d'écriture et d'investigation. Il enquête sur ce sordide fait divers qui s'apprête à avoir un écho retentissant auprès de la population française...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peu de gens s'en souviennent mais l'affaire Solleiland qui s'est déroulée en 1907 a joué un rôle prépondérant dans l'abolition ultérieure de la peine de mort. C'est ce fait divers qui sert de trame au récit de cette bande dessinée. Au long des 138 pages, les auteurs nous sensibilisent sur différents aspects qui ont complètement façonné notre société actuelle. Ainsi, à travers ce fait divers qui concerne le meurtre d'une enfant par un proche de la famille, ils soulignent les turpitudes médiatiques mises en œuvre pour vendre du papier. Les journalistes sont en recherche de sensation pour assouvir la curiosité malsaine du peuple. Et les éditeurs emploient, à l'époque, des crieurs pour vanter leurs révélations sordides. Ils s'appuient sur le sentiment d'insécurité populaire pour orienter le débat politique autour de la peine de mort qui ne sera abolie en France qu'en 1981. Ce récit bouleversant met en lumière des pratiques qui sont plus que jamais d'actualité pour cultiver le terreau des extrémismes. Valentin apparaît rapidement comme un piètre reporter qui a toujours une guerre de retard sur les autres. Mais son apathie dans l'investigation est utilisée pour bien souligner les dérives médiatiques avides de sensationnalisme directement influencées par les Etats-Unis. Elle sert aussi de prétexte pour appuyer un scénario qui demeure assez figé et plus narratif que dynamique. Fort heureusement, les superbes illustrations d'Hugues Micol viennent décorer ce récit finalement historique qui nous apprend des tas de choses. Et notamment que les Parisiens pouvaient se rendre à la morgue pour contempler les cadavres. Par curiosité ou pour aider les enquêteurs dans leurs missions de reconstitution. Le voyeurisme était né...