L'histoire :
Dick Drake, explorateur, chasseur et aventurier, se frotte ce soir à la faune mondaine de la haute société victorienne. Il souhaite y rencontrer son hôte, le Général Stanford, mécène susceptible de lui financer une prochaine expédition. Drake doit alors affronter les sarcasmes de moult noblions imbus d’eux-mêmes et succombe de manière inattendue aux charmes d’une jeune lady quelque peu rebelle à ses récits de chasse, Catherine Lacombe. Il se fait néanmoins souffler sa proie par un ténébreux dandy, Lord Faureston. Longue chevelure, regard mystérieux, démarche romantique, l’énigmatique personnage est réputé avoir hérité d’une jolie fortune, qui en fait l’un des meilleurs partis de Londres. Délaissant un instant ce bal ennuyeux, Drake furète dans les jardins, à la suite d’un domestique qu’il prend pour un voleur. Au détour d’une allée, il découvre Lady Catherine évanouie, tandis qu’un laquais s’apprête à lui ficher un pieu dans le thorax à coups de marteau ! Drake intervient à temps pour stopper l’ignominie. Mais nulle trace de Faurestone… le dandy a disparu. De retour au manoir, alors que Catherine se remet de sa pâmoison, des explications sont demandées au laquais, qui est en fait un obscur scribouillard de banque nommé Jones. Celui-ci avoue difficilement et timidement être un… chasseur de vampires ! Drake rit aux éclats : Jones est donc un fou. Dans les jours qui suivent, Drake s’évertue à courtiser Lady Catherine, en dépit des allusions fâcheuses émanant de ses parents : il n’est pas Lord, contrairement à un certain Faureston… Drake ignore alors que, chaque jour, la demoiselle reçoit un bouquet de roses signé de la lettre « F. ». Or, entre ces deux prétendants, son cœur balance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est des nouveautés comme celle-là, dont on sait par avance que la lecture viendra conforter un préjugé extrêmement positif. Alain Ayroles n’a en effet jamais déçu ses lecteurs et la relecture présente du mythe de Dracula était très attendue des fans. D’autant plus, que le scénariste s’adjoint à nouveau les talents de son compère dessinateur de Garulfo (6 tomes pour une série culte), Bruno Maïorana. Sous son trait, immédiatement, on plonge avec délectation dans un univers graphique raffiné, qui fait la part belle aux fastes rutilants de la société victorienne. Instigateur de cette série vampirique, domaine dont il est un véritable érudit, Maïorana a donc du remiser son acquis sur la féerie cartoonesque (Garulfo), pour apprendre par le menu les codes visuels de l’Angleterre victorienne… et le résultat est sublime ! L’ambiance victorienne idoine doit aussi beaucoup aux dialogues d’Ayroles, maestro en la matière, qui joue à fond avec l’understatement british (qui consiste à atténuer ses réactions pour provoquer un effet comique). Ce phrasé distingué et néanmoins sarcastique nous accompagne d’exquise manière tout au long d’un récit passionnant et accrocheur. Ayroles puise l’essence du vampire telle qu’elle a été définie à la fin XIXe par les écrivains qui font référence, Bram Stocker et Ann Ryce, pour en tirer « quelque chose » de nouveau. Les protagonistes y sont impeccablement campés et attachants. Inspiré par le célèbre explorateur et ethnographe Richard Burton, le personnage volontaire de Drake emmène la danse ; la gracieuse (et agaçante !) Catherine tient les promesses de son rang ; le timide chasseur de vampires, Jones, instille ce qu’il faut d’humour ; et le démoniaque et ténébreux Faurestone demeure judicieusement énigmatique. Bref, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce premier tome d’une série culte en devenir…