L'histoire :
Sur le perron d’une belle demeure, Sganarelle – valet de Dom Juan – tente de convaincre Gusman – valet de Done Elvire – des bienfaits du tabac (qui, comme chacun le sait, incite à la vertu). Il en vient ensuite à s’ouvrir du comportement odieux de Dom Juan envers les dames, et de la peine qu’il a à servir un tel maître. Dom Juan rentre alors chez lui et Sganarelle exhorte Gusman à se taire sur ces quelques confidences. A l’intérieur, le valet avoue à son maître désapprouver ses mœurs et tromperies. Dom Juan lui expose alors son point de vue : aimer de tous côtés, selon ce qui ravit son cœur, est selon lui la plus belle des odes à la beauté. Refuser l’amour reviendrait à se renier, tout comme céder à la lassitude de la constance. Sganarelle lui oppose alors le sacrilège du mariage répété : Dom Juan se marie en effet une fois par mois… Mais Dom Juan n’a véritablement aucun scrupule et défend à 200% son libertinage débridé. Sur cette discussion animée, arrive Done Elvire, que Dom Juan a sortie du couvent pour épousailles… avant de l’abandonner. Elle aimerait désormais obtenir quelques explications…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous croyiez en avoir fini avec lui, depuis l’oral du bac Français, et paf, revoilà Dom Juan qui se faufile sous vos yeux, par le truchement du 9e art. Sylvain Ricard (serial-scénariste de BD) et Myrto Reiss (femme de théâtre) adaptent ici le mythe en BD, dans sa plus célèbre version : la pièce en 5 actes de Molière. Un seul tome de 80 planches sera néanmoins nécessaire pour l’exercice, mis en images par Benjamin Bachelier (rien à voir avec le bac Français, ce coup-ci). La patte graphique du dessinateur est « moderne », dans une veine « nouvelle vague » très sfarienne (pour ne pas dire jetée, spontanée)… Certes, il n’était certes nullement besoin de prouesses artistiques pour honorer le sujet. La question se pose alors quant à la plus-value de cette transposition au 9e art, par rapport au texte original. Afin de s’affranchir du caractère désuet de l’œuvre, les auteurs ont fait quelques coupes et ont choisi un cadre globalement contemporain. Or, ce contexte dénote visuellement avec le texte : les frères de Done Elvire sortent des flingues pour accomplir leur vengeance et lorsque des voleurs « tuent le cheval », cela est représenté par une motocyclette ! Néanmoins, l’adaptation est fidèle, dans le sens où elle colle à la chronologie et au ton du texte original, tout en honorant son propos, sa symbolique. Handicapé des sentiments, le personnage de Dom Juan y gagne sans doute encore en monstruosité : il ne présente véritablement aucune faille rédemptrice.
