L'histoire :
Un général hurle sur ses deux nouvelles recrues : un petit chétif et un costaud à tête patibulaire. Il avertit qu’on n’embauche pas n’importe qui dans l’armée, chaque soldat doit incarner la force et la puissance. Il n’y a pas de place pour les geignards, les faibles et les précieux. Il demande ensuite aux deux aspirants de décliner leurs identités. Le costaud s’appelle Floréal Bonbonturlute ; le chétif s’appelle Mike Puissant-Bombardier. Le général n’engage que le chétif…
Le Président de République annonce l’ordre du jour en conseil des ministres : le pouvoir d’achat des français. Le chef d’état-major des Armées lève le doigt pour prendre la parole. Il a un plan d’action pour ça : déclarer la guerre à l’Uruguay. En effet, ce petit pays est faible et enclavé, ce sera facile de le vaincre et de lui imposer de verser à la France son stock d’or. Le gain réalisé permettra une diminution d’impôts de 7% pour les citoyens français l’année prochaine. Le général tient également une liste des autres pays faibles et enclavés à envahir les années suivantes, afin de reproduire le schéma tactique jusqu’à la fin des deux mandats présidentiels…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un euphémisme que d’avancer que l’époque actuelle est plutôt militariste. La Russie envahit l’Ukraine, le proche orient s’enflamme, le moyen orient s’arme, la Chine menace Taïwan, ça chauffe en Equateur, aux Philippines, en putschs intestins et instrumentalisés un peu partout en Afrique, entre l’Inde et le Pakistan, les budgets militaires de tous les pays sont en hausse… Bref, pour se détendre un peu avant la 3ème guerre mondiale, il est grand temps de prendre un peu de hauteur et de recul, afin de tourner ce climat militariste en dérision, voire au ridicule… quitte à rire jaune. Ou jaune et noir. Dans ce recueil de strips en une ou deux planches, à l’aide de son dessin caricatural gros nez et plein de doigts, Fabrice Erre nous imagine des militaires franchouillards va-t-en-guerre, qui prennent des décisions radicales d’intervention dans le dos d’un président de la République plus ou moins impliqué malgré-lui. Un général en chef moustachu et aux idées courtes harangue ses hommes, appuie sur le bouton rouge, déclare des guerres à tout bout-de-champs contre nos voisins ou nos forces sociales, recourt aux savants fous pour imaginer les armes de demain à partir des réflexes d’avant-hier. C’est relativement désopilant et varié, comme toujours avec Erre, authentique prof d’Histoire légèrement au courant de ce qui se fait de mieux en matière de guerres.