L'histoire :
Comme chaque année, Eva vient passer ses vacances à la campagne, chez sa grand-mère. Comme chaque année, la jeune adolescente se promène dans le carré de jardin potager, caresse le chat et prend le temps de vivre et d’observer. Sur son petit cahier d’écolière, elle note méticuleusement ce qu’elle n’aime pas : le rouleau tue-mouche, les effluves des rognons qui dégorgent et le dentier de la tante. Eva passe donc l’été avec sa grand-mère câline et sa vieille tante célibataire et obsédée par le nettoyage. Les vacances sont rythmées par ces habitudes, par cet environnement imperturbable et immuable et les copains, Tobias et Lucy, qu’on retrouve avec impatience pour passer les deux mois d’été. Un après-midi, Eva avoue à ses deux compagnons de vacances que les femmes de sa famille ont une singularité : leurs mains bleues. Cela est le signe d’un pouvoir qu’elles développent dès qu’elles atteignent l’âge adulte. Mais Lucy fait remarquer à son amie qu’elle n’a pas encore les mains bleues…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eva aux mains bleues est un magnifique one-shot signé Isabelle Dethan. Le dessin et la mise en couleurs aux pastels sont tout aussi splendides que ses précédentes séries chez Delcourt (le roi cyclope, Sur les terres d’Horus, Mémoire de sable), avec une touche intimiste en plus. Le récit nous replonge avec nostalgie dans les rituels de nos vacances d’été, lorsque nous étions encore enfants. Chaque lecteur retrouve le goût sucré des fruits juste cueillis dans le jardin et encore chauds de soleil. Ou encore la sensation gélatineuse de l’immuable soupe au tapioca. On retrouve aussi cette impatience à voir arriver les autres enfants du quartier, pour partager mille aventures fabuleuses. L’apprentissage de la vie et le lent passage de l’enfance à l’adolescence, sont formidablement bien rendus par un récit touchant rempli d’une douce mélancolie. Par cette œuvre, Isabelle Dethan nous offre une minute de répit dans nos vies d’adultes (pas beaucoup plus, car l’album se lit rapidement). Un moment de pause et d’évasion dans nos rêves jamais vraiment disparus, quand le temps s’écoulait trop lentement. Un joli conte pour nous redonner le temps de méditer.