L'histoire :
Il ne joue pas dans les plus grands stades du monde, il ne touche pas un salaire mirobolant (d’ailleurs, il ne touche pas de salaire du tout), il ne couche pas avec des top-models, il n’est l’égérie d’aucune grande marque : voici le footballeur du dimanche ! S’il lui arrive certes d’être en retard sur un terrain improvisé, certes avec des copains pas totalement footeux, lui pratique un foot authentique, basique, originel, pur, désintéressé, dans le don de soi et la pureté des sentiments. Or toute vertu a ses limites. Car cela ne l’empêche pas de ne penser qu’à un seul objectif : vaincre l’adversaire ! Quel que soit le terrain, quelle que soit la météo, quelle que soit la tenue, le footballeur du dimanche est toujours volontaire pour jouer au foot, jusqu’à la fin – voire au-delà. Il a aussi l’assiduité de reconnaître différents profils de joueurs : il y a celui qui joue en tenue de ville, celui qui a des goûts vestimentaires de chiottes, celui qui a la super tenue officielle flambant neuve, celui qui porte le maillot d’une star, mais aussi celui qui a un vieux T-shirt déchiré, des chaussures pourries, un vieux pantalon de survêt’ trop grand… et en général, celui-ci n’est pas le plus manchot avec ses pieds.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après nous avoir exprimé sa passion pour le vélo (dans Petit traité de vélosophie), Didier Tronchet reprend la même recette de courtes historiettes en une planche, pour faire éclater son amour pour le football. Car Tronchet est un extrémiste du ballon rond, qu’il s’agisse de sa pratique – en toute humilité, mais aussi en toutes saisons, sur tous terrains, en toutes tenues, avec tous partenaires – comme de son assiduité télévisuelle. Car l’auteur du Chanteur perdu et de Jean-Claude Tergal est d’un chauvinisme magnifique s’agissant de l’équipe de France. Et il semble avoir transmis cette passion à son fils, pour lequel il n’aurait jamais raté une seule minute de ses entrainements. Tronchet prévient d’ailleurs dans un prologue, qui a tendance à déflorer tout le propos qui suit : il ne joue pas très bien, mais il y met toujours toutes ses tripes. Il ira au bout de sa vie pour terminer un match de football, quitte à aller dans le temps additionnel des prolongations. Toutes les historiettes tournent autour de ce genre de grands principes et de son amour incommensurable pour le foot, qu’il met en scène à l’aide de son style graphique ultra caricatural aux traits épais. Le léger humour qui en émane se base généralement sur la mauvaise foi faisant levier sur les grandes théories. Pour autant, si nul ne pourrait contester son amour pour le foot, l’auteur ne parvient jamais à magnifier de vertu universelle de ce sport, contrairement à sa vélosophie. Moins ludique, plus écolo et basé sur l’abnégation, le vélo offre sans doute moins de prises aux petites « tricheries ». Reste que la pureté de sa passion lui accorde toute légitimité pour en parler, tout comme il le fera aux côtés de Jérôme Jouvray à la veille du prochain Euro de football dans Les fantômes de Séville (les vrais amateurs auront deviné de quoi qu’ça cause).
