L'histoire :
Au premier jour, dans le cosmos, un triangle en 3D pourvu d’un gros œil central, appelé Dieu, créa la Terre. Au deuxième jour, il créa la fierté… Parce que voyant le résultat, il était déjà auto-satisfait de lui-même. Puis il inventa la procrastination, s’installant dans son canapé pour regarder des conneries à la télé. Ça va bien comme ça, il finira le reste plus tard. Le quatrième jour, il créa l’anxiété, prenant conscience qu’il n’aurait jamais fini à temps ! C’est ainsi qu’au bout du compte, le septième jour, on s’est retrouvé avec des espèces bâclées comme l’ornithorynque ou franchement inutiles comme le moustique. Vu le bordel, Dieu envisagea de déclencher un déluge à la surface de la Terre. Il demanda à l’espèce alors dominante de préparer une arche pour y ranger les animaux deux par deux. Hélas, l’espèce dominante était alors ce crétin de diplodocus, qui n’a évidemment rien compris. Et tous les dinosaures sont morts. C’est alors qu’il créa l’homme, soi-disant « à son image », ce qui est largement contestable. Il l’appela Adam. Pour éviter qu’Adam s’ennuie, il lui donna une femme, Lilith. Mais Adam n’était pas du tout son genre, elle le trouvait vraiment trop reloud comme dragueur. Et Lilith se cassa ailleurs. Alors Dieu imagina un procédé pour créer une autre femme : ce gros détraqué arracha une côte au thorax d’Adam, ce qui fait super mal !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous son pseudo Ami Inintéressant, Pascal Galibourg avait déjà tourné en dérision le principe intrinsèque de l’édition livresque avec le bien-nommé Titre, chez les éditions Lapin. Le revoilà qui s’empare des épisodes les plus célèbres et emblématiques du premier et du second testament de la Bible au pied de la lettre. Cette captation au sens littéral et primaire vise évidemment à les parodier dans la veine plus couillonne qui puisse se trouver. Par exemple, le buisson ardent boute le feu à toute la terre promise ; ou quand Jésus plonge, il s’écrase à la surface de l’eau. Souvent, ces détournements sont certes un peu faciles (et maintes fois déjà vus !). Néanmoins l’auteur a le mérite de diversifier les contextes et les ressorts, ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais. Ces différentes anecdotes, leur traitement caricatural à travers le dessin de Rémi Lascault – parfois gore, sa marque de fabrique – et leur aboutissement plutôt rigolos – même si on ne s’esclaffe jamais totalement de rire – débouchent sur un propos globalement anticlérical. En creux : les paraboles religieuses et la religion en général, c’est quand même un joli fatras de fadaises, voire de manipulations des masses à des fins d’hégémonie politique. Cependant, le gros avantage avec la religion chrétienne, a contrario de certaine autre, c’est qu’on peut s’en moquer dans les grandes largeurs sans craindre de fatwa ou d’écrasement d’avion dans un building. Dont acte.