L'histoire :
A Tunis, le 27 juillet 1927, une jeune femme est en train d'accoucher. Son mari fait les 100 pas en attendant la naissance, dans les ruelles de la ville. Les villageois lui demandent si l'enfant est né. Il répond que ce n'est pas encore le cas. Soudain, un cri résonne dans la maison. Ça y est, ils sont parents à nouveau. Mais la déception est immense pour la mère. Elle vient de donner la vie à une fille. Elle espérait un garçon. L'enfant s'appellera Zeïza Gisèle : dès sa naissance, elle est perçue comme une malédiction. Sa mère est dans le rejet total et son père met beaucoup de temps avant d'accepter la nouvelle. Heureusement, deux ans plus tard, une nouvelle naissance vient égayer la famille, et cette fois-ci, c'est un garçon ! L'atmosphère change d'ambiance, la famille est heureuse. Mais Gisèle est traitée différemment par rapport à ses frères. Ils ont tous les droits, elle hérite des corvées. On commence à lui inculquer quelle serait la véritable place d'une femme à la maison. Elle ne s'identifie pas du tout à cette vision des choses. Très jeune, elle souhaite l'émancipation, la liberté. Proche de son grand-père, elle aimerait incarner la guerrière de ses histoires. Gisèle n'est pas au bout de ses peines, mais sa ténacité, son caractère et son envie d'indépendance finiront par payer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Récemment, une autre bande dessinée est sortie autour de la vie de Gisèle Halimi. Cette avocate engagée et féministe, et femme politique franco-tunisienne, est décédée en 2020. Plusieurs œuvres reviennent sur son parcours. Cette nouvelle BD s'attarde sur la première partie de sa vie, son enfance, et relate son parcours entre sa naissance et son départ sur Paris pour ses études de Droit. Ici, il ne sera donc pas question de la célèbre avocate, mais de la jeune femme qu'elle était. Le récit nous permet de mieux comprendre l'environnement dans lequel elle a grandi, le contexte sociétal et politique, mais aussi le climat familial. Car la jeune Gisèle a dû se construire dans une famille attachée aux traditions conservatrices. Très tôt, elle subira les inégalités hommes-femmes au sein de son foyer. Elle n'est pas « bien née », et sa condition de fille l'obligera à fournir beaucoup plus d'efforts, pour accéder à l'éducation et au métier qu'elle souhaite. Toute sa vie, elle se dressera contre sa mère, en clamant son envie d'indépendance et de liberté, sa volonté de ne pas dépendre d'un homme. L'histoire nous permet de cerner une héroïne déterminée, qui se battra toute sa vie pour une plus grande justice sociale. Les auteurs ont fait le choix de zoomer sur son enfance : quelques pages en fin d'album viennent tout de même compléter la suite de sa vie pour donner un contexte plus global. Les illustrations sont composées de formes souvent arrondies, et la colorisation est teintée de douces nuances, qui viennent contrebalancer la violence permanente du scénario. Cette bande dessinée instructive permettra aux lecteurs qui ne connaissent pas cette femme de se familiariser lentement avec son enfance, et aux autres de mieux comprendre qui était Gisèle Halimi.