L'histoire :
Gwendoline est une jeune femme douée d’une ingénuité et d’une naïveté désarmantes. Mais ses traits physiques la font ressembler à une princesse disparue. Raison pour laquelle la tante de son amie requiert ses services. La candide Gwendoline va en fait se retrouver au cœur d’un complot diabolique. Quoi qu’elle fasse, elle tombe dans tous les pièges : ligotée, entravée, bâillonnée, la jeune Gwendoline souffre sans pouvoir résister. Mais bientôt arrive la diabolique U-69, qui vole à son secours pour la délivrer de ses tortionnaires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En cette année 2011, le genre érotique a le vent en poupe dans le monde de la BD et, à vrai dire, ce n’est pas pour nous déplaire... Passons sur l’absence de scénario ici, sorte de prétexte à une galerie de tableaux montrant des femmes dominées, bâillonnées ou ligotées... Et attardons-nous plutôt sur le dessin. Il serait réducteur de n’y voir qu’un exutoire pour fantasmes masculins inassouvis. Pas de pénis, ni de pubis ou de poils, mais uniquement des femmes harnachées se livrant à des jeux de pouvoir sadomasochistes. Moins une BD à lire au coin du feu qu’un objet à contempler avec les yeux de l’esthète averti, Gwendoline éveillera chez le lecteur une pulsion désirante ou, au contraire, suscitera le malaise et la gêne. Au choix. Une certitude : grâce au lavis et à un trait plein d’élégance, John Willie réussit le tour de force de magnifier la beauté de la femme par le biais du bondage (l’art de lier les parties du corps), pratique sexuelle considérée par le plus grand nombre au mieux comme bizarre, au pire avilissante pour qui s’y livre. Si ce n’est pas le cas ici comme dans un vulgaire porno puisque la femme apparaît élégante et affranchie de tout interdit, la BD nous laisse malgré tout circonspect. Car il est bien question de liberté féminine et de son expression corporelle, la femme étant tour à tour victime ou bourreau, à même de trouver sa jouissance dans la souffrance d’autrui. Mais peut-on prendre du plaisir à la lecture d’un jeu de domination saphique ? Telle est la question dérangeante que pose la BD. Variation sur l’interdit, la liberté et le pouvoir, Gwendoline saura vous interpeller.