L'histoire :
Une jeune femme marche tranquillement dans la rue. Un jeune homme l’aborde en lui disant qu’elle est vraiment très belle. La demoiselle bafouille un « merci » un peu gêné… Le jeune enchaîne avec « on baise ? ». Elle ne se démonte pas et lui demande s’il aborde toujours les filles de cette manière. Il répond que oui. Elle veut savoir si ça a déjà marché, il répond que non. Et redemande « Alors on baise ? »
En pleine séance d’échauffement, une jeune femme se prépare à passer en sprint devant trois jeunes hommes pour ne pas leur laisser le temps de dire quoi que ce soit…
En pleine heure de pointe dans le métro, une main touche un postérieur féminin. L’homme s’excuse avec un pardon déculpabilisé… Et il recommence, cette fois en ajoutant un « décidément » des plus innocemment coupable. Lorsque la rame s’immobilise et que la jeune femme s’apprête à quitter la voiture, elle lui place un coup de genou dans les parties et descend en lâchant un « oh pardon ! » plein d’assurance, le laissant à genoux dans tous les sens du terme.
Une jeune femme affirme avoir trouvé la technique pour éloigner les relous. Une fois dans la rue, immanquablement, elle se fait aborder à base de « héhé smack smack ». C’est le moment qu’elle choisit pour sortir son arme secrète : des aisselles sur-poilues ! Pas très sexy, mais bougrement efficace !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’été apporte son lot de parutions féminines revendicatrices. Parce qu’avec les beaux jours, les hormones s’emmêlent et certains hommes enchaînent les poncifs phallocrates. Dans ce vent de rébellion qui souffle parmi les jeunes auteures agacées par tant d’intentions mal placées, quelques œuvres trouvent un vrai fil conducteur et, par là-même, un sens éducatif sur la question. Hé Mademoiselle ! en fait partie. Décomplexé et bien pensé, ce pied de nez à tous les relous emploie le ton juste pour faire passer le message. En jeune femme bien de son époque, Yatuu aborde une fois encore un thème social en vogue : le harcèlement de rue. Sur cette base par essence scabreuse, elle trouve le bon équilibre entre réalité crue et humour pertinent. En évoquant la bassesse de certains congénères avec ce qu’il faut de légèreté, elle montre qu’elle n’en est pas aigrie et que si la tâche est ardue, elle n’est pas dénuée d’un certain espoir… Celui de voir les relous comprendre à quel point ils le sont ! Avec son trait mangaïsant et ses couleurs à plat, elle livre l’essentiel du message dans une atmosphère minimaliste qui ne laisse pas le loisir de vagabonder dans la contemplation (excepté pour la double page dans l’esprit Où est Charlie) et qui, dans le même temps, ne manquera pas d’interpeler. Mission accomplie, donc, pour Yatuu qui, avec le temps qui passe, trouve sa place dans le domaine civico-revendicateur exprimé en toute fraîcheur !