L'histoire :
June est réveillée à 8h00 par son radio-réveil. Super loose, c’est du reggae. La journée commence bien… Elle tente de transiger avec ses petits ange et démon qui lui conseille de rester au plumard jusque midi. Puis de négocier avec son ours en peluche, qui reste muet. Vient alors le moment du petit-déjeuner équilibré : café-clope. Elle prend ensuite un bain et s’imagine qu’elle s’y noie. Il n’y aurait alors que son chien pour la pleurer. Dans cette optique, c’est ça qu’il lui faudrait : un chien ! Enfin devant son écran, June relève ses mails. Enlarge your penis… Pfff… Mail suivant : son client lui fait une demande de modification du logo qu’elle vient de lui créer. Une modification aberrante, évidemment… mais le client est roi (et il gave sévère). Pour se donner du courage, elle chante à tue-tête un tube des Beatles. Son voisin lui téléphone alors pour lui demander de faire taire ses chats en chaleur (elle n’a pas de chat). Son banquier l’appelle pour comprendre son découvert… elle l’engueule. Elle doit absolument trouver un projet de BD qui renfloue les caisses. Il faut re-po-si-ti-ver. Elle décide d’arrêter de fumer. Ça va être difficile impossible. Elle tente de négocier cela avec son paquet de clopes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a connu Fabcaro mieux inspiré. Et pourtant, en soi, en matière de ressorts comiques, de sens de la répartie et d’acuité sociale, ce petit recueil carré de strips « fait le job » ! C’est plutôt le concept de base qui sonne creux. Récapitulons en définissant ce concept. Hey June met en scène le quotidien d’une jeune femme grognonne, sur une journée entière (première page, elle se lève ; dernière page, elle se couche), en s’inspirant pour chacune des étapes de ce quotidien d’un titre de chanson des Beatles. Par exemple, pour Come together, elle planifie une soirée avec une potesse. Certes… c’est original… ça peut être intéressant… pourquoi pas, en somme. Sauf que ça n’est ni tout à fait intéressant, ni tout à fait drôle. Et surtout, à la longue, ce personnage d’illustratrice râleuse, caractérielle, bourrue, qui est insatisfaite, cynique et déprimée par tout, comme une ado de 13 ans qui a manqué d’autorité à un moment clé de son éducation, finit par agacer. Le mimétisme agit : elle pompe l’air. A vouloir être rock’n roll et rebelle, elle est surtout pénible. Une plaie, telle que nous en connaissons tous forcément un ou une (oui, ce comportement n’a pas le monopole de la gente féminine) dans notre entourage. Le dessin d’Evemarie colle cependant parfaitement au registre de l’exercice : les personnages caricaturaux palabrent en trois cases sans trop de décor, complétés par une belle colorisation en aplats. La tentation est grande de déduire qu’il s’agit d’un portrait peu reluisant et autodérisoire de l’illustratrice… mais rien n’est moins sûr.