L'histoire :
L’inspecteur Rubik, du SVP (Service des Violences Privées) est mandaté en ville pour résoudre une sombre affaire : une jeune femme a été retrouvée morte dans un coin perdu, près des entrepôts. Après analyse de la scène de crime, Rubik pense qu’il ne s’agit que d’une autodestruction et que l’affaire peut donc être classée. Cependant, la jeune stagiaire Ayate n’est pas de cet avis. Elle trouve un gant que la victime a arraché à son agresseur. Il s’agit donc bien d’un crime et non d’un suicide. Les deux enquêteurs font ensuite leur rapport au major Meursy, mais celui-ci est d’une humeur massacrante. Il a en effet du pain sur la planche : le procureur l’a appelé car son service de police est réquisitionné par la Police Religieuse. Un dissident hérétique, Beauregard, est poursuivi et se cache dans la ville basse. Il faut donc beaucoup d’hommes pour le retrouver et le service de police ne sera pas de trop pour aider la PR (Police Religieuse). Le procureur lui a également signalé qu’un fonctionnaire a disparu dans les couloirs changeants où l’on fabrique le triangle noir, l'aliment de base des habitants d’Horologiom. Meursy flaire un gros coup, mais le procureur relativise : pour lui, le disparu s’est simplement perdu dans le labyrinthe des couloirs changeants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'intrigue principale d'Horologiom étant terminée depuis plus de dix ans, Fabrice Lebeault revient sur sa série phare en proposant des histoires indépendantes qui se déroulent dans la fameuse cité mécanique. On peut donc désormais suivre les enquêtes du major Meursy. Après l’enquête du tome 6 Le ministère de la peur, le major s’intéresse désormais à la célèbre fabrique du produit le plus important de la ville : le triangle noir. On rentre directement dans le vif du sujet avec la mort d'une jeune femme. Puis Lebeault complique vite l’affaire en y ajoutant deux autres enquêtes : la chasse à l’homme sur Beauregard et la disparition d’un employé de la fabrique. Trois histoires en une, qui vont amener leur lot de rebondissements, de suspense et d’actions. L’intrigue est parfaitement menée et l’histoire policière digne des grands Agatha Christie : affaires ténébreuses, enquête tortueuse… La solution à l’énigme est des plus complexes, bien entendu, et traitée avec subtilité. Le genre policier n’est cependant pas la principale attraction de cet opus. En effet, Lebeault replonge le lecteur dans son univers si particulier d’Horlogiom. Il faut bien le reconnaître : on retrouve avec nostalgie ce doux mélange d’anciens désuets et de nouveautés futuristes. L’imagination de l’auteur est débordante et chaque détail est une trouvaille magique. Ainsi, les grands robots qui conseillent de fausses pistes côtoient des téléphones au système farfelu. Les costumes sont toujours incroyables et les décors tout aussi étonnants. L’humour n’est jamais très loin de cette inventivité bouillonnante et beaucoup de personnages sont savoureux. Cet univers hors normes est aussi une façon d’interroger notre société. Dans ce sens, Lebeault caricature nos mécanismes sociaux : le Triangle Noir est une véritable drogue du peuple ; la Police Religieuse est une terrible vision de la censure ; les vieillards doivent être éliminés par le service Euthanazis… L’allusion la plus drôle à l’actualité reste quand Meursy dit : « Les changeants, c’est maintenant ! ». Le dessin est toujours de qualité avec des décors ciselés et des détails minutieux. C’est donc avec plaisir qu’on retrouve cette série atypique, menée cette fois sous l’angle de l’enquête policière. Un travail d’orfèvre…