L'histoire :
André Hébert est un jeune français qui découvre ses idées révolutionnaires, sa conviction communiste profonde à l'heure ou beaucoup de ses amis manifestent pour de nombreuses causes sans chercher à aller plus loin. A l'image des combattants des brigades internationales partis combattre le fascisme en Espagne dans les années 30, il décide d'aller rejoindre les kurdes au nord de la Syrie qui résistent contre l'expansion de l'Etat Islamique. Un mensonge pour la famille et les amis pour expliquer qu'il va aller faire de l'humanitaire en Turquie, un billet d'avion vers Istanbul et André va basculer vers une autre vie. Il vole jusqu'en Irak, puis passe la frontière à bord d'une voiture qui l'attendait. Il rejoint la région du Rojava et les hommes et femmes de l'YPG, unités de protection du peuple. Ils sont plusieurs comme lui, internationalistes décidés à aller soutenir les armes à la main les causes auxquelles ils croient, ou d'anciens militaires avides d'action. André découvre la culture kurde, s'attache aux objectifs poursuivis par ses camarades de combat révolutionnaires du Rojava, et s'entraine pour pouvoir participer aux assauts offensifs, arme à la main. Quelques jours après son arrivée, les attentats de novembre 2015 à Paris ne font que renforcer son engagement et sa volonté de se battre. Il va alors découvrir qu'il peut tuer un homme, une silhouette anonyme à distance dans une ville assiégée, et devenir un combattant sans pitié, courageux, porté par l'adrénaline et la solidarité avec ses camarades.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous un pseudonyme, voici le journal de guerre d'un jeune homme revenu du front après plusieurs années de combat face à Daech, notamment lors de la reconquête de Raqqa qui était la capitale de l'Etat Islamique. Après un rapide flashback sur son passé de jeune militant, André nous plonge directement aux côtés des soldats kurdes qui font face à l'ennemi. Il raconte par étapes son parcours personnel. Très vite, le récit se rapproche du tout premier degré d'un récit de guerre, avec sans cesse l'enjeu de la mort et de la survie. Il faut tuer ou être tué, les ennemis sont des anonymes, leur existence en tant qu'êtres humains est une forme d'abstraction à laquelle le jeune français s'habitue. Quelques moments permettent à André de mieux comprendre la culture de ceux qu'il a rejoints, qui parfois se révèlent beaucoup plus humains que lui. Il partage cette découverte personnelle ainsi qu'une forme de dépendance qui s'empare de lui après l'excitation malsaine de la montée au front. Pour accompagner le récit d'André, Nicolas Otero déploie un style réaliste très efficace qui s'appuie sur des photos pour les décors, et installe des personnages aux visages incarnés. L'atmosphère est totalement celle d'un reportage, raconté à la première personne, à la fois simple et surprenant. Un morceau d'histoire très contemporaine, et comme souvent avec les récits de ce genre, des comportements humains qui impressionnent.