L'histoire :
Pierre, trentenaire, a gardé son âme d’enfant et préfère regarder la télévision et jouer aux jeux vidéo tout en fuyant les responsabilités. Auteur de bande-dessinées autobiographiques qu’il publie avec succès sur son blog, Pierre poursuit le rêve de voir un jour son tout premier album édité. En attendant, il fait des allers-retours entre Paris, où il vit, et l’Ardèche, dont il est originaire, pour y voir ses parents qui ne croient pas vraiment en sa carrière d’auteur de BD. Fuyant les engagements, Pierre aime les débuts ; que ce soit les débuts de films, ou de repas, alors qu’on est affamé. Ou encore les débuts d’histoires d’amour, quand tout reste à découvrir. Et justement, ce jour-là, alors qu’il est dans le train direction Paris, il tombe sous le charme de la contrôleuse de billets. Cette dernière le complimente sur ses dessins. Timide, Pierre se montre maladroit et la conversation tourne court. Ne voulant cependant pas laisser passer sa chance, il dessine le portrait de la contrôleuse sur l’arrière de son billet et le lui remet assorti de son numéro de téléphone avant de descendre discrètement du train. Cette manœuvre un brin « old school » porte néanmoins ses fruits. Tous deux se retrouvent le soir-même au restaurant. Durant la soirée, Manon et Pierre découvrent qu’ils ont pas mal de points communs et notamment niveau humour. Ils décident donc de prolonger leur rendez-vous au domicile de la jolie contrôleuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévu initialement pour être un film, L'âge de Pierre se décline finalement en court-métrage (regardable gratuitement sur Youtube) et en BD de 104 pages, éditée par les éditions Delcourt. Dans cette fiction autobiographique, le scénariste Davy Mourier met en scène un héros très proche de lui-même : il est un auteur de BD, trentenaire, et geek ayant quitté sa région natale pour les sirènes de la capitale. Puis l'aspect fictionnel nous le montre comme un homme refusant tout engagement et responsabilités, en particulier lorsqu’il s’agit des relations de couple. Or lorsqu’un éditeur lui offre enfin une opportunité d’album et que son imagination lui fait défaut, Pierre a alors l’idée d’accepter ce qu’il a toujours refusé : faire de son ménage avec sa copine le thème principal de sa future BD ! Et comme un chamboulement ne vient jamais seul, le héros va également perdre son père. Un paternel avec qui il a toujours entretenu une relation conflictuelle. Dans ce récit sur les atermoiements d’un trentenaire ne s’impliquant pas assez dans le cours de sa vie, Mourier offre une histoire émouvante. On se reconnait forcément dans son alter-ego, car on a tous connu cette période où l’on s’est senti perdu. Ce one-shot est donc efficace, même s'il n’échappe pas à quelques passages classiques et prévisibles. Pour mettre en images cette autofiction, l’auteur a fait appel à Héloïse Solt, dont il s’agit de la première bande-dessinée. Dessinatrice issu de l’animation et illustratrice de l’excellent album jeunesse À la recherche du doudou perdu, Héloïse Solt propose un trait nouvelle vague, moderne et agréable, qui va à l’essentiel. On apprécie aussi beaucoup l’idée de proposer des couleurs chaudes lorsqu’il s’agit de récits de jeunesse du héros, a contrario des ambiances froides de sa vie d’adulte. Un album intimiste et drôle à la fois…