L'histoire :
Alors qu’ils sortent d’un meeting du Front Populaire, en juin 36, Roger raconte à ses amis que Louison couche avec Sarah Bernstein, la sœur du couturier, et qu’il pourrait retourner en Bretagne aider Fernand à s’occuper de l’auberge. Il ne sait pas que son beau-frère lui a volé l’héritage de sa mère. Germaine qui le sait, est revenu à l’auberge pour le faire chanter. Louison, elle, le sait aussi, mais elle vit sa vie avec Sarah, en travaillant pour Simon. Le grand couturier organise des défilés alors même que le pays est bloqué par les grèves. Mais la très haute bourgeoisie développe depuis la fin du XIXème et l’affaire Dreyfus des relents antisémites et aime cracher sur Blum et sur le peuple. Louison s’insurge et Sarah elle-même est furieuse contre son frère. Pendant ce temps, Léon Blum arrive à arracher des accords patronaux et parlementaires sur les heures de travail, les revalorisations salariales. Mais la presse d’extrême droite se déchaine et déverse haine et informations mensongères à longueurs de quotidiens. Son ami Roger Salengro est l’objet de toutes les haines puisqu’en tant que ministre de l’intérieur, il arrive à dissoudre les ligues d’extrême-droite...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le front populaire, les grandes grèves, la guerre d’Espagne, la montée des fascismes et de l’antisémitisme, les années 30 sont le théâtre de violences rares qui ne semblent, en ce moment, pas si éloignées de nous. Chantal van Den Heuvel nous raconte avec verve cette grande histoire faite d’espérances majuscules et de haines qui le sont tout autant. Une période de contrastes incroyables où la lumière de l’humanité a été portée par un homme, Léon Blum, aidé de quelques grands hommes et femmes, notamment Roger Salengro ou Jean Zay. La scénariste nous montre avec brio cette époque mouvementée, ce grand moment de l’Histoire qu’est le front populaire, tout en l’agrémentant d’une petite histoire, celle de Roger et Louison, entre la Bretagne et Paris, le travail à l’usine et les grands défilés, l’amour contrarié, les trahisons familiales… Le format du diptyque (350 pages en deux tomes) permet de s’étaler sur presque quatre ans avec une mini saga (ce tome ne s’étend que sur quelques mois, des accords de Matignon au suicide de Salengro). L’espérance de Blum qui s’écroule, on le sait, mais qu’en sera-t-il de celle de Roger et Louison ? C’est une belle histoire, bien supportée par la ligne claire d’Anne Teuf et les couleurs naïves de Lou. Un sacré voyage dans le temps.