L'histoire :
GiéDré et sa famille quittent la Lituanie, leur pays natal. Elle n’a alors que 7 ans, mais elle rejoint sa mère expatriée en France quelques temps plus tôt, dans l’espoir d’une vie meilleure et pour pouvoir y accueillir ses enfants. Après des années de restriction, GiéDré va découvrir la douce vie parisienne, loin des dictats. Dans son pays, auparavant, il n'est pas question de se rebeller. Les mécontents sont punis et déportés. Certains de sa famille ont rejoint des camps de prisonniers et les anti-communistes sont traqués sans relâche. Même si on n’est pas d’accord, parfois, on doit faire semblant pour survivre. Des anecdotes sont cocasses, d’autre dramatiques. La vie dans son pays est devenue une lutte quotidienne, même pour les choses les plus basiques comme manger ou se loger. Sa famille est en transit, pendant plusieurs années, d’appartements minuscules en maison... jusqu’à ce qu’on leur redemande de partir. Il faut alors ruser pour manger, se déguiser pour ne pas être reconnu… Certains s’en sortent par la contrebande et la corruption, d’autre fonts la queue pendant des heures pour obtenir trois oranges qui ne nourriront qu’une partie de la famille. Elle raconte avec humour comment sa grand-mère rusée arrive à se procurer de l’alcool, là où personne n’en trouve. Elle reconnait également que l’appartenance de son grand père au parti politique en place leur ouvre quelques portes, aussi infimes soient-elles. Malgré cette dure réalité, GiéDré est heureuse. L’innocence de l’enfance a du bon. Elle trouve dans chaque situation difficile du positif. Comme cette fois où attendre de longs moments dans une file d’attente permet de jouer avec les autres enfants, lier des amitiés et faire de nouvelles connaissances. Une « drôle » de vie, tout de même, pour une fillette de 7 ans...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
GiéDré est née dans ce pays « disparu », l’URSS. Aujourd’hui artiste chanteuse, elle nous livre une autobiographie touchante de son enfance, de ces années qui ont à jamais marqué sa vie. Elle raconte à travers son recueil la bienveillance familiale, des moments agréables, mais également les plus tragiques comme la déportation d’une partie des membres de sa famille en Sibérie, emprisonnés pour rébellion et affichage sauvage. Holly R, pour sa première BD accompagne GiéDré, en illustrant son histoire. Elle livre un dessin aux couleurs attractives et aux traits enfantins. Un bon duo et une belle alliance entre les mots et les dessins, avec l’idée d’un dessin d’enfant aux lignes parfois moins maîtrisées. GiéDré utilise l’humour et les mots d’enfants, avec les maladresses grammaticales que l’on doit aux plus jeunes. A son arrivée à Paris en 1991, GiéDré découvre une autre vie, loin des paradoxes de son pays natal. Le lecteur comprend alors toute l’importance du titre surprenant de la BD : le rapport au petit pois. Ce plat est tout à fait basique et abordable en France, alors qu’en Lituanie, à l'époque, c’était un met rare et luxueux. Malgré une époque difficile, le lecteur ne s’apitoie pas, car elle-même utilise la dérision. Cet ouvrage permet de faire découvrir la vie sous le joug communiste. Il est tout à fait adapté aux plus jeunes, tant pour son graphisme que son scénario. Le ton est proche de celui d'un journal intime, dans l’esprit du Journal d’Anne Franck, version BD.