L'histoire :
Des hommes de l’empereur Renzong ont capturé un animal mystérieux, qu’ils dissimulent sous un drap afin que personne ne puisse le regarder. Ils se trouvent alors en territoire Kitan, patrie des Liao avec lesquels ils profitent d’une paix sommaire. Leur objectif est de ramener cet animal au plus vite à l’empereur avant que les Liao ne les surprennent sur leurs terres. Quelques temps plus tard, à la capitale des Song, Dongjing, la salle d’audience est surchauffée par la colère des marchands. En effet, le maître des vents et de la pluie, Ling Yong, déverse sa colère sur le pays, empêchant toutes les récoltes de riz ainsi que les transactions commerciales sur les fleuves. La colère gronde chez le peuple Hans. L’empereur invoque dans son palais le seigneur Wulong, l’un des neufs dragons célestes. Celui est fort mécontent de ce que l’empereur Renzong a fait. En volant le phénix du dragon Yong Long, il a transgressé l’ordre universel mettant en danger l’équilibre précaire de son royaume. Et maintenant, il ose demander un privilège céleste afin de réparer son erreur. La seule chose pour apaiser la colère du dragon, est de libérer le Phénix. L’empereur ne souhaite pas suivre ce conseil, alors Wulong lui fait une toute autre suggestion : livrer son propre fils au dragon, à l’endroit même où il a capturé l’oiseau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de cette trilogie asiatique signée Hélène Herbeau et Emmanuel Civiello mêle une époque historique réelle à la légende. Avec un profond souci du détail et du respect de la culture chinoise, l’histoire nous plonge dans l’empire du milieu médiéval, sous l’ère de la dynastie Song. En effet, à cette époque, la Chine est divisée en plusieurs royaumes dont certains sont en guerre avec le plus puissant et le plus raffiné, l’empire Song. Attention, pour profiter pleinement de cette fresque épique, il est indispensable de prendre le temps d’assimiler les cartes, les forces en présence et les rapports entre les royaumes du pays : empire Song, Tangoutes, Kitans… Mais un minimum de culture autour du concept du Yin et du Yang (l’équilibre entre le phénix et le dragon) sera tout aussi appréciable. Une fois qu’on a assidument assimilé ces éléments (un effort certain est requis), on peut entamer une lecture plus compréhensible de l’histoire. La principale difficulté devient alors l’intégration des noms chinois, des lieux et des personnages… Pour le reste, les auteurs ont fait coller l’œuvre globale à un « Zaju », c'est-à-dire un drame poétique mis en musique. Ce premier tome long, riche en informations, pose les bases et la problématique. Herbeau nous promet deux « actes » à venir plus courts, plus sentimentaux, plus dynamiques aussi… Dans un registre opposé aux univers celtiques auxquels il nous avait habitués (Korrigans, La graine de folie), le dessin de Civiello renforce l’aspect perfectionniste de l’histoire avec un travail remarquable des personnages et des couleurs. Une bande dessinée très technique, mais qui embrasse pleinement les substances de l’empire du milieu médiéval et légendaire.