L'histoire :
C'est après la crise financière de 2008 qu'a été publié le texte fondateur du bitcoin, un article du mystérieux Satoshi Nakamoto qui décrit le système totalement révolutionnaire de paiement électronique qu'il a imaginé. Un système indépendant des banques centrales, basé sur le peer to peer entre informaticiens à travers le monde, dont le travail de création de blocs en chaine génère la création de nouveaux jetons, les bitcoins. Une fois le système établi, les échanges et les paiements à travers le monde peuvent se faire de manière totalement indépendante des réseaux bancaires, en s'appuyant sur les « mineurs » qui interviennent pour crypter chaque transaction et l'insérer dans la blockchain. Quelques années plus tard, les cryptomonnaies et la blockchain sont devenus des élément structurants du monde financier. Ils ne sont plus l'apanage d'un monde de cypherpunks (le nom que se donnaient les grands noms des technologies de l'information sur leur réseau social secret). Le processus de blocs et les garanties qu'il offre, sa capacité mondiale désormais établie, sont devenus des enjeux pour tous les pays du monde, suscitant des investissements massifs. La transformation de l'univers des transactions, bien au-delà des simples moyens de paiement, est en route.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit message d'avertissement : ce livre n'est pas un outil de vulgarisation à destination du grand-public. Dès la page 15, on commence à parler de péta-hash (per seconde, certes, mais péta-hash quand même), une illustration de la rigueur d'Olivier Brossard qui a construit ce petit bouquin hyper dense. Le professeur de finances à HEC nous fait clairement comprendre que les conséquences de la révolution bitcoin vont envahir le monde, indépendamment de la cryptomonnaie elle-même, mais par le concept de sécurisation qu'elle a contribué à développer. L'album n'utilise aucune approche narrative particulière pour faire passer les concepts, il explique page par page, il faut tout lire bien attentivement pour ne pas perdre pied, les petits chapitres s'enchainent sur des thèmes successifs tous importants. Maud Rivière fait un travail d'illustration pure, très souvent un personnage qui explique avec un index levé ou la paume de sa main ouverte. C'est donc assez aride, très éclairant quand même, et clairement à lire par petits bouts, et à conserver sur son étagère pour y revenir un peu plus tard. Un projet honorable donc, dont le personnage central est le portrait craché du professeur-scénariste. Ça va faire marrer ses élèves. En attendant, nous, on fronce les sourcils pour essayer de comprendre la bifurcation mineure de la blockchain.