L'histoire :
Le livre se présente comme un almanach découpé en 30 chapitres, « éclats de rire » ou « tranches de vie ». Chaque partie est illustrée par une gravure issue du « Larousse ménager illustré » de 1926. Dans une première Lose intitulée La salle de bain de l'enfer, Maïa Mazaurette évoque plusieurs stéréotypes en présentant trois catégories de produits cosmétiques destinés aux mâles. En effet, l'homme doit sentir « le musc » ou la sueur, ou porter des parfums censés évoquer l'aventure ou le garage d'à côté. La deuxième tranche de vie, Le guide du style, se moque de l'uniformisation vestimentaire de l'homme moderne. Le troisième chapitre, La sociabilité des bourrins, renvoie au comportement des hommes en groupe. Et d'énumérer plusieurs rituels obligatoires comme le « beuglement », le « concours de bites » ou le « passage au vestiaire »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cet ouvrage aux accents féministes, Maïa Mazaurette décortique en règle les diverses facettes de l'homme en société et la prétendue domination masculine. L'auteure adopte un point de vue « sociologique » selon lequel la société nous conformerait à telle convention ou telle attitude. Par ce biais, elle évite d'un côté de se fâcher avec la gente masculine, tout en évitant la plupart du temps les blagues grossières et surannées. Les gravures du Larousse ménager illustré sont à ce titre bien choisies car elles renvoient au conformisme d'une société d'un autre temps. Certains passages sont plutôt bien vus, comme celui sur « les règles de l'amitié homme-homme » :
Tu ne pleureras point (même si ça fait vraiment mal) […], Tu ne diras point que tu te sens seul, déprimé, abandonné. Si jamais tu dois vraiment t'exprimer, tu prendras l'excuse de l'alcool […]. Tu ne diras point à tes amis que tu les aimes. Tu ne les complimenteras point, même si tu les trouves beaux, drôles, intelligents (ou toute autre raison pour laquelle tu les as choisis)...
D'autres chapitres sont moins inspirés, comme ceux portant sur « la taille de la blip » ou sur « la sociabilité des bourrins » :
[...]l'identité masculine n'est reliée à aucune valeur positive, elle se construit uniquement via des repoussoirs : la femme et l'homosexuel. Oubliez le courage, la force, l'ambition (que tout le monde partage avec vous). Est viril ce qui n'est ni féminin ni gay. Point barre.
Car à force de parodier le comportement des hommes en société, l'auteure en vient à caricaturer les relations homme/femme en effaçant les spécificités qui composent chaque individu. Cependant, cet ouvrage souligne avant toute chose l'absurdité d'un quotidien dans lequel les hommes nourrissent tout en subissant les clichés inhérents à la condition de mâle. Mais comme le disait Rabelais : Mieux vaut rire que d'en pleurer, Car rire est le propre de l'homme. (Gargantua)