L'histoire :
Avec une fille et 35 balais, la vie est dure pour une mère-célibataire. Pourtant, il ne faut pas se laisser abattre : c’est aussi l’occaze de goûter à la liberté fraichement retrouvée. Margaux peut retrouver le plaisir de mettre sa propre déco et ses bibelots d’enfance, de remettre ses fringues les plus osées, dire « fuck » à la société, boire du vin sans modération. Pourtant, la vie n’est pas si simple : sa fille dérape en voyant sa mère lâcher prise. Quand la grand-mère se pointe pour faire l’inventaire de tout ce qui ne va pas, c’est encore pire ! Heureusement, la vie continue. Shopping, soleil sur les plages du sud, délires avec un pote. Ce pote devient d’ailleurs un nouveau conjoint. Et tout redémarre : parties de jambes en l’air, la peur de décevoir, l’épilation, le bonheur fleur bleue… Une vie bien remplie !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Margaux Motin est de plus en plus connue dans le monde de l’illustration : elle a travaillé sur le spectacle de Florence Foresti avant de dessiner pour les magazines Voici ou Marie Claire. Elle s’est faite un nom en créant son blog sous forme d’autobiographie. La tectonique se consacre ainsi à sa vie de mère-célibataire, à ce cap entre l’adolescente et l’adulte. Margaux affirme haut et fort sa jeunesse qu’elle ne veut pas perdre. Pour elle, c’est une ado refoulée : hippie dans l’âme, excentrique dans ses fringues, libre dans sa tête. Margaux peint le quotidien d’une femme qui s’assume et qui revendique son existence de femme moderne et active. Parisienne dans l’âme, mais qui rêve de soleil et de plages, Margaux décrit tous les tracas et les envies d’une femme d’aujourd’hui. A tel point que le langage se fait moderne, celui des djeun’s ! Facebook, Twitter, Zara, les chansons anglaises, le langage vulgaire ou de banlieue sont autant de références actuelles qui rendent le récit ultra réaliste et parlant pour les lecteurs d’aujourd’hui. Malheureusement, on fait vite une overdose de ce discours branché. Tout tourne autour de la petite personne de cette Margaux, tant et si bien qu’on a le droit à tous les détails de son existence, même les plus trashs. Souvent juste, l’humour rappellera des vérités à beaucoup de monde mais le tout manque sensiblement de finesse : cette histoire d’une nana qui dit « fuck » à tout et qui ne rêve que de soleil pour se dorer le cul est parfois plus que trivial. Pourtant, l‘ensemble est bien construit : dense, l’album propose une série de réflexions personnelles tout en créant un ensemble autobiographique cohérent dans la narration. C’est d’ailleurs le sens du titre : un patchwork d’une vie fragmentée qui est proche de la tectonique des plaques. Le futile du récit est toutefois atténué par la virtuosité graphique de la bande dessinée. Décloisonnant le genre, Margaux offre une magnifique prestation, jouant beaucoup sur les portraits de ses personnages. Le trait est magnifique et digne d’une revue de mode, sans compter l’ajout habile de photos mêlées au dessin : un style superbe et d’un vivant incroyable. Certains dessins sont mêmes proches de la poésie tout en retenue de Sempé. Un portait d’une meuf un peu ouf, qui ne provoque pas exactement des barres de rire, mais qui a le mérite de l’originalité.