parution 19 septembre 2012  éditeur Delcourt  collection Encrages
 Public ado / adulte  Mots clés Politique / Roman graphique / Voitures

La Voiture d'Intisar

Une œuvre forte sur les conditions de vie d’une femme au Yémen. Sans tabou, avec beaucoup d’intelligence et de vraisemblance, les auteurs offrent un témoignage rare et précieux sur un sujet sulfureux.


La Voiture d'Intisar, bd chez Delcourt de Riera, Casanovas
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Delcourt édition 2012

L'histoire :

Intisar est une jeune femme qui vit au Yémen. Séparée de son père, elle vit avec sa mère et son frère Saleh. Elle travaille comme infirmière à l’hôpital de la ville. Pourtant, elle souffre du manque de liberté lié à la situation des femmes dans le pays. Elle ne peut sortir sans être totalement voilée du Niqab et elle déteste par-dessus tout l’autoritarisme de son père. Alors elle prend son mal en patience, en rêvant qu’un jour, les hommes et les femmes seront égaux. En attendant, elle prend les plaisirs là où ils se trouvent : conduire la voiture en écoutant de la musique, fumer des cigarettes, parler avec la famille, faire la course avec les hommes qui pensent dominer la route, se cacher derrière le voile… Intisar est une femme comme les autres, avec ses rêves et ses illusions, ses espoirs et ses déceptions, ses passions et ses sautes d’humeur. Une vie comme les autres pour les femmes du Yémen qui n’ont pas les mêmes droits que les autres femmes du monde…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le scénariste espagnol Pedro Riera est un voyageur qui a vu du pays et qui en a fait des romans. Avec cet album, il invente le témoignage d’une femme yéménite, Intisar, en s’inspirant de la vie qu’il a mené au Yémen pendant un an avec sa propre femme. Dans une série d’histoires courtes, le lecteur suit le quotidien somme toute banal de cette jeune femme. En montrant son quotidien, ses pensées et ses occupations, Riera montre l’attitude du pays envers les femmes. A partir d’exemples très concrets et extrêmement réalistes, l’intention de l’album se précise vite : il s’agit d’une dénonciation d’une société machiste et arriérée. Intisar est dépendante d’un père autoritaire qu’elle déteste et de coutumes qui l’obligent à annihiler certaines libertés. Ainsi, elle n’a pas le droit de changer son passeport sans l’accord de l’autorité masculine de la famille ; elle ne peut sortir sans un voile intégral ; elle ne peut quitter ou continuer son travail sans l’autorisation de son père ; elle ne peut aimer un homme par son seul désir. Pourtant, l’auteur se refuse à verser dans le stéréotype ou la dénonciation féroce. Riera s’attache à véritablement montrer la réalité des conditions d’une femme au Yémen. Ainsi, il combat l’image tenace que le port du Niqab viendrait d’une coutume religieuse. Sur plusieurs pages annexes, Riera approfondit la peinture de ce pays en développant avec beaucoup de détails les us et coutumes des Yéménites. Ce n’est pas seulement un témoignage révoltant sur les femmes, c’est aussi une peinture très juste d’une société arabe méconnue. Intisar vit, malgré tout, et prend le contre-pied de ses souffrances en jouant sur sa situation. Beaucoup de femmes profitent ainsi du Niqab pour passer inaperçues… C’est par exemple un bon moyen de commettre un adultère (ou même mendier !) sans que personne ne vous reconnaisse ! Avec beaucoup d’humour et de personnalité, Intisar se bat et affirme sa condition : elle refuse d’épouser un homme, fait la course pour casser l’image de l’homme macho, sort avec les filles pour s’amuser. Le témoignage de cette femme pleine de vie et d’espoir apporte un ton humaniste et dépeint parfaitement le mode de vie des Yéménites. Uout y est abordé – même l’actualité sur les caricatures de Mahomet – avec une pudeur et une intelligence rares. Les chutes à la fin des saynètes sont un modèle de finesse et d’humour. Sans diaboliser cette société, mais sans cacher non plus ses travers, Riera offre un témoignage unique et très vrai de la situation des femmes au Yémen. Le dessin est également simple et sensible. L’auteur se concentre plus sur l’émotion des visages et sur cette belle rebelle, Intisar, plutôt que sur les décors. Cette œuvre, aussi belle que celle de Marjane Satrapi, donne une image juste et indispensable des femmes dans les pays arabes. Sur un sujet délicat, les auteurs s’en tirent avec beaucoup de délicatesse. L’occasion de sortir de pas mal de clichés tout en faisant réfléchir… Magnifique et indispensable !

voir la fiche officielle ISBN 9782756034911