L'histoire :
En 1944, le sergent Lee Chester, le caporal Jack Niels, les soldats Mickaël Henry et Slice appartiennent à une compagnie de marines américains bien particulière : la lazy company. Sa spécialité : foncer dans le tas sans trop réfléchir et s’en tirer toujours indemne… mais en provoquant hélas des dégâts collatéraux monstrueux. Pour éviter qu’ils ne sabordent les plans des hauts gradés, ces derniers décident de les envoyer à l’autre bout de la planète. Au Tibet, ils accompagnent un professeur diplômé en folklore asiatique, pour une étude un peu grand-guignolesque : retracer une précédente expédition nazie à l’objectif flou et à caractère occulte. Clairement, leur mission ne sert à rien. Mais au moins, pendant qu’ils sont là-bas, ils ne foutront pas le bordel sur les champs de bataille. Cela commence fort pour eux : leur avion se fait dégommer par des chasseurs ennemis, disloqué en plein vol. Comme l’exige leur réputation, le sergent survit miraculeusement à une chute sans parachute, esseulé dans un village de bonzes tibétains, avec une jambe en vrac ; tandis que les trois autres et leur universitaire bedonnant se crashent sans bobo sur un plateau enneigé, au bord d’un précipice. Après avoir extirpé des vivres et des armes de la carcasse de leur avion, celle-ci glisse dans le vide, à travers une mer de nuage sans fond. Ils vont devoir affronter le blizzard, le froid extrême, jusqu’à l’entrée d’un terrifiant sanctuaire antique, repeint aux couleurs nazies…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ceux qui ne connaissent pas, Lazy company est à l’origine un feuilleton de guerre burlesque diffusé sur les chaines OCS, depuis 2013. Quatre soldats débiles confrontés aux aspects les plus décalés de la seconde guerre mondiale : son concept humoristique et ses running-gags sont tellement efficients, que la chaine vient de débuter la diffusion de la 3ème saison, encore plus poussée dans le foutraque spectaculaire. La BD qui en est aujourd’hui adaptée chez Delcourt par le scénariste originel Samuel Bodin est sans doute ce qui pouvait se faire de plus fidèle dans le ton. Au travers de ce petit format comics, on retrouve le même casting de soldats débiles, qui n’a pas son pareil pour se fourrer dans des situations saugrenues et/ou périlleuses, et qui pourtant s’en tirent toujours sans une égratignure. Une grosse différence majeure est à souligner dans la forme : en BD, il n’y a pas de souci de budget. Il est donc possible (et souhaité) de bousiller des avions sur l’Himalaya, de balancer des pianos à queues par les fenêtres, ou de faire surgir des monstres chtoniens dentus et poilus… mais n’en révélons pas trop. Oui, Bodin trouve le chainon manquant et improbable entre les personnages de la série ciné La 7ème compagnie, Indiana Jones pour l’occultisme nazi, face à la problématique du Sanctuaire de Christophe Bec. Heureusement, la partition graphique a été confiée à l’un des artistes tourangeaux (région de tournage de la série !) les plus compétents pour l’exercice : Ullcer. Son trait élégant encré allie le semi-réalisme le plus dynamique à la caricature la plus expressive. Visuellement, c’est un bonheur… et quand l’humour débarque à l’improviste, par le biais d’une réplique truffée d’injures contemporaines ou d’une situation incongrue, vous n’êtes pas à l’abri d’une salve d’éclats de rire. A ne pas lire avec une mine antipersonnel sous le pied.