L'histoire :
Sur les toits d’un Paris qui sort lentement du Moyen-Âge, un justicier règne en maître. Il a un Don. Il châtie inexorablement les assassins, à l’heure et dans le lieu qu’il a choisi, de jour ou de nuit. Tout Paris le sait, le royaume entier le sait. Aujourd’hui, c’est le meurtrier d’une noble, Jehan Martin, qui va passer sous la lame de ce justicier qui aime à se voir comme un envoyé de Dieu. Invincible, son corps est dur comme de l’acier, il a été forgé. Mais il ne peut pas avoir de contact humain, pas de sociabilité, sinon le don disparaîtrait. Une fois Jehan Martin exécuté, il est prévenu qu’il y a un deuxième meurtrier à trouver. Thomas Martin était caché dans sa vision. Bien entendu, à l’heure et au lieu que le Bourreau a prévus, un énorme guerrier est face à lui. Rapide et fort, le Bourreau a du mal à le maîtriser, mais l’heure n’a pas encore sonné. Et pourtant, sur une maladresse, l’homme plonge sur sa lame. 5 minutes avant l’heure… Mourant, il lui désigne le vrai Thomas Martin, un gamin de moins de 10 ans, et lui reproche de servir une justice de classe, celle du Parlement de Paris… Au moment de se tourner vers l’enfant, le Bourreau est arrêté par le Bouffon : un homme masqué comme lui, invincible comme lui. Il n’était pas le seul, comme il le croyait. Son univers tangue, ses certitudes s’envolent, et ce n’est pas fini…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un bourreau, invincible et sans pitié, avec peu d’instruction, peu de mots, mais une foi inébranlable, ou presque. Ce super héros devrait être le héros des foules, justicier divin, ange de la mort, ou Azraël, le bras armé de Dieu… Mais non. Il est détesté de tous. Surnommé « Le Bourreau », il est craint et haï des pauvres gens, car il est en fait un jouet dans les mains des puissants, noblesse et très haute bourgeoisie, qui s’en servent pour éliminer sans autre forme de procès ceux qui les gênent. C’est un super-héros misérable et penaud que nous offrent Matthieu Gabella et Julien Carette. Pur corps, son esprit est manipulé, ses certitudes battues en brèche. Mais c’est un assassin parfait, capable d’enquêter, de découvrir des secrets et il va faire face avec force à son double mystère, celui des motivations du Parlement de Paris, et celui de l’existence du Bouffon… Le scénar de Gabella est captivant et bien construit. Les flashbacks viennent interrompre le récit à des instants cruciaux qui laissent le lecteur en haleine. Après un passage réussi par des one-shot historiques (Philippe Le Bel, Catherine de Médicis), le scénariste nous montre qu’il n’a rien perdu de ses bons réflexes d’auteur de séries. Le jeune Julien Carette, qui avait signé une entrée remarquée dans la cour des grands avec la reprise de Nomad au côté du très prolifique Jean-David Morvan, confirme ici avec des dessins fluides et précis, de magnifiques vues de Paris, des personnages précis et expressifs, le tout servi par un découpage dynamique. Seul petit bémol dans ce tableau presque parfait, le ton de la voix off et des dialogues, qui ne trouve pas vraiment son unité au long de l’album, oscillant entre le grave et le léger. Cela ne saurait gâcher la mise en place, jamais facile, d’une belle intrigue. To be continued (and followed)…