L'histoire :
Noble sans le sou, le baron de Sigognac a accepté de quitter son château en ruines pour intégrer une troupe de comédiens ambulants, pour les beaux yeux d’Isabelle, la jeune ingénue. A la mort d’un des comédiens, il décide de reprendre le rôle de ce dernier et emprunte pour cela le pseudonyme de « Capitaine Fracasse ». La troupe fait aujourd’hui halte à Poitiers. C’est alors que le duc de Vallombreuse, un seigneur de la cour du roi, fier et collectionneur de conquêtes, aperçoit Isabelle à sa fenêtre. Subjugué par sa beauté, il en fait aussitôt sa proie. Il use alors de ses abondants subsides pour glaner un maximum de renseignements à son sujet. Puis il s’introduit en sa loge, juste avant une représentation et se montre très entreprenant… Heureusement pour la jeune femme, le capitaine Fracasse intervient, l’épée au poing et défie de Vallombreuse en duel le lendemain à l’aube. Or, ce dernier, croyant avoir affaire à un comédien, ne s’attend pas à devoir combattre un bretteur aguerri… Déjouant aisément une botte dite secrète, Sigognas-Fracasse lui transperce l’avant bras de sa lame ! En une journée, la rumeur de cette défaite se répand à Poitiers. Le soir même, le spectacle fait salle comble : tout le monde est venu voir ce Capitaine Fracasse qui a ridiculisé la réputation de Vallombreuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre deux Smoke City et trois Pixie, Matthieu Mariolle poursuit son petit bonhomme d’adaptation du roman de Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse. A mi-chemin de la trilogie prévue, ce second opus reprend là où la troupe s’était arrêtée, c'est-à-dire à Poitiers, où notre fringant héros affronte en duel un butor pétri d’orgueil, pour s’achever à Paris, sous la menace grandissante des complots ourdis par Vallombreuse. Entre temps, la réputation que se bâtit le Capitaine Fracasse hors la scène, vaut aux représentations de la troupe de connaître enfin un véritable succès… Rassemblant les ingrédients inhérents au récit d’aventure romantique et/ou de cape et d’épées, le roman parait initialement en feuilletons, entre 1861 et 1863, dans La revue nationale et étrangère. Il empruntait alors le chemin tracé par les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, mâtinés de l’influence du Roman comique de Scarron. Très professionnelle, l’adaptation de Mariolle a le mérite du respect de l’œuvre initiale (conformément au cahier des charges de la collection Ex-Libris). Peut-être, juste, aurait-il mieux valu étaler l’œuvre sur 4 tomes : en alternance avec les scènes d’actions muettes, les séquences dialoguées comportent une haute densité de répliques (dans le phrasé de l’époque, siouplait), souvent écrites en tout petit pour tout faire rentrer. Pour le dessin, Mariolle retrouve le compagnon avec lequel il a fait ses premières passes d’armes, Kyko Duarte (De sang froid). Si on devait émettre un reproche à son visuel, lui aussi très propre et très pro, ce serait sans doute un léger manque de caractère, de charisme. Mais on cherche la petite bête car le divertissement est bel et bien au rendez-vous, fidèle à l’original et néanmoins modernisé par la maturité du 9e art…