L'histoire :
Francis roule vers Plymouth avec sa femme et son fils, pour assister au départ de la Fastnet, une course de voile en forme de boucle de quelque 600 milles dans les eaux qui mènent au Sud de l'Irlande. Madelene a fait promettre à son mari de ne pas prendre le départ avec ses amis. Elle a fait un rêve prémonitoire qui l'a terrorisée. Elle n'oubliera évidemment jamais qu'elle a perdu son père lorsqu'elle avait treize ans, lors d'une sortie qu'il effectuait en amateur à bord de son petit bateau, alors qu'elle avait rêvé qu'il lui arriverait quelque chose. Mais en arrivant sur le port, l'un des trois équipiers du Banana se présente avec une jambe dans le plâtre. Deux personnes à bord, c'est trop peu quand il faut se relayer à la barre. Il va leur falloir renoncer... à moins que Francis ne change d'avis. Ce qu'il va faire, malgré l'avis de Madelene, promettant avec un grand sourire qu'il ne lui arrivera rien. Le bateau français prend ainsi la mer vers son point de départ. La course rassemble autant d'amateurs que de professionnels, qui toute l'année participent aux compétitions de l'Admiral's Cup pour améliorer leurs classements mondiaux. Une fois lancés au large de l'île de Wight, les voiliers doivent faire un premier choix de navigation pour gérer une météo incertaine. La magnifique flotte se sépare en deux. Francis et ses amis ont choisi de longer la côte. Personne n'imagine à ce moment-là que la mer va se déchainer comme jamais et que tous ne rentreront pas vivants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n'est pas l'évènement qui revient le plus souvent à l'esprit lorsqu'on évoque les grandes compétitions de voile. Pourtant la Fastnet de 1979 a été un drame marquant de l'époque, avec son bilan terrible. Un parcours atypique entre le Sud de l'Angleterre et les côtes irlandaises, et la promesse d'affronter des difficultés techniques autour du fameux Fastnet Rock. Une course ouverte à tous, ce qui amplifiera le lourd bilan, malgré l'expérience des marins amateurs. Les auteurs choisissent de suivre cette aventure dramatique sous le regard d'une famille dont le père est embarqué avec son équipage, à une époque où les nouvelles ne circulaient pas comme aujourd'hui, lorsqu'on voit des marins alimenter les réseaux de leurs mésaventures. La bonne technique scénaristique nous rapproche des enjeux et contrebalance un peu l'aridité du propos et tous ces termes de spécialistes que le lecteur lambda choisira d'ignorer sous peine de passer son temps à googler des termes techniques au milieu de la tempête. C'est la limite de ce récit : une technicité un peu trop présente, qui fait prendre du recul involontairement au néophyte. Renaud Garreta est en revanche hyper crédible au dessin, la terrifiante vague sur la couverture de l'album illustre parfaitement sa puissance graphique. Il est l'atout majeur de ce récit de voile qui devrait passionner les amateurs avec des images superbes, des ciels d'orage et une mer démontée impressionnante.