L'histoire :
Une bande de potes rend visite à Rose à la maternité. Elle vient d'avoir un bébé dont le père est un des anciens musiciens du groupe qu'ils formaient à Lille. Max était bassiste, plein d'ambition, il voulait à tout prix réussir sa vie de musicien, devenir célèbre sur scène avec son instrument et son micro. Il y a moins d'un an, il a décidé de partir seul en Angleterre, pays rêvé pour entrer sur la scène rock. La veille du grand départ, il rend une dernière visite à son ami Gérard. Autour de Rose et du bébé qui vient de naître, Gérard et les autres refont l'histoire, passant d'un ton accusateur envers Max à des moments de souvenirs amusés de leurs parcours d'artistes amateurs. Tout est encore tout récent, la bande d'amis est toujours là, mais déjà les responsabilités ont pris le pas sur le besoin de révolte. A mesure que la conversation avance, la toute jeune maman avoue qu'elle n'a pas réellement dit à Max qu'elle était enceinte. Il savait qu'elle adorait les enfants et qu'elle voudrait en avoir avec lui, mais que se sont-ils dit exactement lorsque le jeune homme a décidé d'aller tenter sa chance outre-Manche ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un retour total dans les années 80 que nous propose Xavier Bétaucourt, une centaine de pages bourrées de références d'une période que, de toute évidence, il a vécue en immersion totale. Les références musicales, le groupe qui répétait Smoke on the Water au lycée, puis il découvre les Sex Pistols, atteint l'âge adulte, le moment des choix de vie et de la fin des illusions. Même le poster "Why" est là, photo iconique d'un soldat qui tombe sous les balles en lâchant son fusil, comme probablement dans la chambre d'étudiant du scénariste à l'époque. Les échanges autour de Rose allongée sur le lit de la maternité nous accompagnent dans des flashbacks nostalgiques et eux aussi typiques de l'époque, la bande son avec Joy Division, les Clash... ou Paul Young, lorsque Max et Rose se rencontrent pour la première fois. Il faut quand même avoir été proche de cette période ou en avoir vécu les grandes tendances par grand frère, père ou mère interposés pour apprécier la plongée régressive que les auteurs ont concoctée. Le lecteur ado ou jeune adulte passera a priori complètement à côté, à moins qu'il aille youtuber chaque extrait de chanson qui apparait (il y en a une bonne dizaine) pour se mettre dans l'ambiance. Cela dit, tout est bien rendu, les discussions pour savoir quelle musique était respectable, et comment Indochine était considéré comme ridicule par les vrais amateurs de rock. Cette lecture sympa ne restera pas dans les annales de la BD historique, mais pour tous ceux qui ont l'âge de Nicolas Sirkis ou quelques années de moins, une petite madeleine de Proust potentielle.
